Le 28 mai 1900, les Boxers attaquent la nouvelle ligne de chemin de fer reliant Pékin à Pao-Ting-Fou.
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Arrivée du train à Tien-tsin en mai 1900. L'agglomération de Tien-tsin compte plus de 1,5 millions d'habitants et est trois fois plus importante que Pékin. Les Belges construisent la ligne.
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Le 31 mai 1900, la voie Tien-tsin - Pékin est réouverte. Des renforts partent pour Pékin.
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Le dernier train quitte Tien-tsin le 5 juin. Le 9, l'amiral Seymour décide d'une expédition sur Pékin, le lendemain. Ce sera un échec.
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Le 19 juin 1900, des renforts américains débarquent à Tanggu et rejoignent Tien-tsin.
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10 Août 1901 Dans ce même journal, un article consacré à la Chine rappelle que le 24 novembre 18999, M. Delcassé, à la tribune de la chambre, tenait les propos suivants : sur 10 000 km de chemin de fer concédés, la France en a obtenu 2 000, dont plus d’une moitié sont dès maintenant en construction. De plus nous avons obtenu pour des Français ou des sociétés françaises, un grand nombre de concessions industrielles : les concessions des mines de charbon d’Aïnantzi, de Nakin et de Kianting, des mines de pétroles du Kouei-Tchéou, des mines de fer de Tsing-Ki, des mines de plomb argentifère de Fou-Tchéou, des mines de soufres de Tu-Yen. Enfin, le chemin de fer de pénétration du Yunnan, qui permettra, par la suite, d’atteindre la riche province du Sé Tchouen et les vallées fertiles du Yang-Tsé-Kiang, coûtera 95 MF.
10 septembre 1901 L’agent de navigation de Lao-Kay M Dupont, écrit : les travaux de la ligne Viétry Laokay, dont un vote du gouvernement vient d’autoriser le prolongement jusqu’à la capitale du Yunnan, vont commencer incessamment. Une ère d’initiative et d’activité, succédant à des siècles de désordre et d’inertie, va ouvrir, ces régions à la véritable conquête pacifique et économique. Aux grands mots, les grands remèdes : ce pays en état de léthargie ne pouvait être guéri de sa maladie que par la science des ingénieurs, c’était le seul traitement efficace, et il et regrettable qu’il n’ait pas été appliqué plus tôt. Ce ne sera pas sans difficultés toutefois que l’entreprise actuelle s’opérera ; il y aura bien des obstacles à vaincre. Parmi ceux-ci, on peut prévoir que la concentration ou l’agglomération d’un grand nombre d’hommes étrangers au pays peut avoir pour conséquence de ramener dans ces régions d’anciens éléments des vielles bandes de pirates. L’intervention d’une police mobile énergique sera sans doute nécessaire et il sera utile que le rôle de chacun soit bien déterminé. Les uns, pour gérer et administrer, les autres, pour réprimer et punir sans faiblesse, mais avec la mesure convenable. Pendant toute la durée des travaux, il serait indispensable, suivant nous, que des brigades de surveillance fussent chargées, de l’observation des chantiers et des habitations des Européens, entrepreneurs ou employés. Il faut que les travailleurs paisibles soient protégés et que la frontière Chinoise soit surveillée. Il s’ensuit une série de recommandations pour éviter que les montagnards yunnanais, gens simples et craintifs soient rançonnés., pour l’établissement de police auxiliaires indigène ou même chinois et pour interdire le jeu et établir une sorte d’épargne.
Ce même jour, un article, nous apprend que la construction de la ligne de chemin de fer de Quang-Tchéou-Ouane au Quang-Tong vient d’être confiée à une compagnie française. L’estimation des travaux est de 28 MF et les études en commenceront bientôt.
25 septembre 1901 Nous prenons connaissance des mouvements commerciaux et maritimes du port de Pakhoï en 1900. Les événements de Chine, puis l’ouverture du port franc de Quang-Tchéou-Ouane, ont provoqués un ralentissement du trafic. Il y a eu 8,1 MF d’importation et 7MF d’exportation en 1900 contre respectivement, en 1899, 9,2 MF et 6,3MF. Dans ces chiffres, on distingue une augmentation du trafic maritime, dû principalement au fait des passages bimensuels du vapeur français à compter de juin 1900, faisant le service postal entre Haïphong et Quang-Tchéou-Ouan via Pakhoï et Hoihao. Nos vapeurs transportaient déjà, en 1899, 71% en valeur des marchandises. En 1900, cette proportion s’est élevée à 87%. Le trafic avec le Tonkin a doublé en 1 an pour atteindre 2MF grâce au service direct et régulier entre Pakhoï et Haïphong. On exporte principalement vers l’Indochine, des poteries et porcelaines (taxés à 6% de leur valeur soit 10F les 100kg), des bois de sapin en particulier de Ping-Yin-Fou, du riz, des produits de la pêche, des os de bétail et des légumes secs.
Le transit entre Hong-Kong et le Yunnan (et vice versa) se fit, en 1900, totalement par le Tonkin. Il s’éleva à 20MF confirmant ainsi sa constante progression depuis quelques années (12 MF en 1898) en raison de la sécurisation du fleuve rouge.
25 décembre 1901 Un extrait d’un courrier daté du 10 novembre de Hanoï, nous précise que les travaux de chemin de fer dans la partie Hanoï-Gia-lam sont poussés avec activité, les diverses voûtes du viaduc traversant la ville sont en partie achevées ; on s’occupe actuellement de la construction de celle traversant la rue de Takou. Les entrepreneurs chargés du remblai des abords de la gare d’Hanoï, travaillent avec entrain à la pose de rail à voie d’un mètre qui doit relier la gare au fleuve. Quant aux travaux de la ligne Viétry- Yen-bay, ils viennent de commencer dans la section Thanh-ba. Huit conducteurs de travaux publics sont arrivés récemment et ont remplacés les officiers dans la section du chemin de fer Yen-Bay-Lao-Kay. La compagnie française des chemins de fer de l’Indo-Chine et du Yunnan a choisi, comme directeur général, M. Getten, ingénieur en chef des ponts et chaussées.
On apprend ce même jour qu’une ligne allemande assurant un service de transport entre Haïphong et Hong-Kong a demandé et obtenu l’autorisation de faire escale à Quang-Tchéou. Ce port vient, en outre, d’être relié à Canton et Macao par un armateur français (vapeur LaSeine de 250 à 300 Tonnes de la maison Lemaire et Cie).
25 juillet 1903 On va créer une voie ceinturant Hanoï pour septembre 1903. 25 août 1903 Compte rendu de l’assemblée générale ordinaires des actionnaires de la compagnie française des chemins de fer de l’Indo-Chine et du Yunnan. Cette dernière prépare l’exploitation de la ligne Haïphong-Laokay et l’étude de son prolongement à Yunnansen. Par convention du 15 juin 1901, le ministère des colonies attribuait l’exploitation de la ligne Haïphong Laokay à la compagnie. L’administration des travaux publics de l’Indo-Chine a ouvert à l’exploitation provisoire, le 16 août 1902, la section Haïphong-Hanoï couvrant 100 km environ. La compagnie repris l’exploitation le 1er avril 1903. En avril les recettes s’élevèrent à 24 000 piastres (1 piastre = 2,15 F). La section Hanoï Viétry (73 km) a été livré à l’exploitation provisoire le 9 mars 1903 (remise prévue le 1er octobre à la compagnie). La section Viétry Yen-Bay est assez avancée et devrait être remise à la compagnie début 1904. La convention fixe la date de remise de la section totale Hanoï à Laokay au 1er avril 1905. Dès la fin septembre 1901, les premières brigades d’étude partaient pour l’Extrême-Orient et le 4 décembre 1901 les études étaient commencés à Laokay pour le prolongement vers Yunnansen. Le cahier des charges exposé dans la loi approbative fut légèrement modifié afin de permettre une augmentation du rayon minimum des courbes relevé à 100m ainsi qu’une réduction des rampes nettes à 25 mm. Ceci permettrait une meilleure exploitation moins coûteuse, plus rapide et à plus grand débit. La tracé fut donc modifié pour suivre la vallée de Namty, passant par ou près de Mongtzé, Amitchéou, Posi, Y-Lang-Hien et Yunnansen. Il améliorait aussi la desserte des mines de charbon signalés dans le bassin du Pa-Ta-Ho. De futurs embranchements éventuels vers le Kouei-Tchéou et le Sé-Tchouen devinrent possibles. Conformément au traité franco-chinois de 1898, le gouvernement français négocie l’accord des Chinois. Ces derniers temps, des incidents menaçant la sécurité des brigades d’études au Yunnan ont fait prendr un retard aux études.
Ce même jour, est présenté le projet d’un tramway reliant Quang-Tchéou à Moui-Loc en raison du fort trafic commercial nous échappant par la rivière Wan-Po. Ceci permettrait l’augmentation de l’activité du port de Quang-Tchéou mais servirait également au ravitaillement de la garnison de Fort Bayard et de nos navires de guerre. Il est également déjà prévu de relier Fort Bayard et On-Pou par chemin de fer. Pour commencer les travaux, il convient de demander au vice-roi de Canton l’obtention d’une concession.
10 septembre 1903 Une dépêche nous renseigne sur l’organisation des chemins de fer du Tonkin. Chaque service est placé sous la responsabilité d’un ingénieur chef du service d’exploitation. Il y a le Service Central, le Trafic et Mouvement, la Traction, les Ateliers, les Voies et Bâtiments, et la Comptabilité.
25 septembre 1903 Les travaux de la ligne Hanoï –Yen-Bay se poursuivent activement. La pose des rails et le ballastage s’achèvent aux environs de Thanh-ba. L’ouverture se fera dans quelques jours. Il reste six à sept mois de travaux pour rejoindre Yen-Bay.10 décembre 1903 Un rapport sur le Yunnan de M. Litton, consul d’Angleterre à Tengyueh, signale l’importance de Mongtsé dans les relations Yunnan – Tonkin. M. Litton réclame un tramway entre Tengyueh et Bahmo pour contrebalancer la situation prise par la France dans la région avec la future ligne Laokay Yunnan Sen.
Dans cette même édition est rapportée une information de Pékin au Times du 19 novembre, précisant qu’un accord vient d’être conclu entre M. Duball et le mai wou pou (tsoung-li-yamen), le 28 octobre, pour la construction du chemin de fer français au Yunnan. La voie ferrée, partira de Ho-Kou, près de Lao-Kaï, près de la frontière et ira jusqu’à Yunnan, en passant par Mong-Tse. A sa finition, la France pourra conclure des arrangements avec la Chine pour la construction de ligne reliant cette voie principale à d’autres points de l’Empire chinois. La largeur de la voie sera d’un mètre. Les machines et les matériaux que la construction exigera seront exemptés de droits de douane à leur entrée en Chine. La Chine garde des droits souverains sur cette ligne, qui en cas de guerre, ne serait pas considérée comme neutre, mais passerait sous sa domination. La Chine prend sur elle seule la responsabilité de la police et de la protection de la ligne et en aucune occasion, la compagnie étrangère ne pourra requérir l’aide de troupes étrangères. L’inspecteur général, l’inspecteur et le personnel technique peuvent être Français. La Chine accorde sans dédommagement à la compagnie le territoire impériale qui se trouve sur le tracé, mais les particuliers dont on aliénera les terrains seront indemnisés. Le chemin de fer accorde les facilités désirées par la Chine pour le transport de la Malle impériale. Il n’y aura aucune garantie du gouvernement chinois. La concession est accordée pour une période de quatre-vingt ans.
10 mai 1904 La ville de Mong-Tsé comptait autrefois 80 000 âmes ; mais la rébellion musulmane a fait chuter ce nombre à environ dix mille. Cependant la sphère d’influence de la ville demeure fort sur la moitié de la région qui compte au total entre 8 et 10 millions d’habitants. Jusqu’à présent n’y résidaient que le consul et un négociant du Tonkin chargé des achats d’opium pour le compte de l’administration de l’Indo-Chine. Autour de ce premier noyau sont venus se greffer, l’hôpital et le bureau de poste créés par M. Doumer. Puis ç’a été le tour de l’administration des travaux publics de l’Indo-Chine, qui s’y est installé pour l’étude d’abord, et ensuite pour le contrôle du chemin de fer. La société de construction du chemin de fer y a de son coté édifié d’importantes constructions. Trois maisons de commerce du Tonkin y ont fondés des comptoirs. Mong-tse prend peu à peu la physionomie d’une ville européenne. Le mouvement et la vie y sont entretenus par les travaux de construction du chemin de fer. Il sera long de transformer le commerce exclusif du Yunnan avec Hong-Kong vers le Tonkin. Mais le climat est sain et Mong-tse, s’offre aux colons du Tonkin, comme le sanatorium idéal.
10 juillet 1904 Tonkin, on va construire sous l’autorité militaire la ligne Dong Dang Na-Cham. Cette voie ferrée permettra de transporter jusqu’à That-Khe les convois militaires à peu de frais. Elle permettra également de pénétrer en Chine par Long-Chéou et de là à Canton par le Tsé-Kiang.
25 août 1904 Les travaux du chemin de fer du Yunnan marchent normalement ; les difficultés provenant de l’achat des terrains sont dès à présent à peu près aplanies. Toute la région est calme. La question de la main-d’œuvre reste toujours la grosse difficulté. Le Gouverneur général s’occupe très activement de la régler, et de procurer toutes facilités à cet égard. M. François, le consul à Yunnan-Sen qui doit bientôt quitter son poste, est venu passer une huitaine de jour à Hanoï. Le Gouverneur général a tenu à être mis au courant de l’état actuel de toutes les questions en outre des négociations concernant l’achat des terrains qui sont presque terminées. Une autre question important préoccupe le gouvernement, c’est celle de la garde de la ligne et des chantiers. M. François est reparti accompagné d’un inspecteur de la garde indigène, M. Poilevey , chargé d’étudier les conditions dans lesquelles cette garde pourra être installée.
10 septembre 1904 Les 2 chambres de commerce de Hanoï et de Haïphong ont décidé la mise en place d’un train postal entre Haïphong et Hanoï les jours où le courrier arrive de France après le départ du dernier train de 6H10 pour Hanoï.
10 mars 1905 Les travaux du chemin de fer du Yunnan ont pris une activité nouvelle, grâce à l’arrivée de nombreux coolies. La période des difficultés paraît close et il faut s’en féliciter. Le tracé est attaqué partout de Laokay à Yunnan-sen. En maints endroits la plate forme est prête, et, comme on l’espère, les coolies venus du dehors, donnent le rendement qu’on attend, le chemin de fer reliant Laokay à Yunnan-sen sera terminé aux environs de 1908.
29 mars 1905 Le chemin de fer à voie étroite, de Phu-Ninh-Giang à Késat, vient d’être prolongé et ouvert au trafic jusqu’à Cam-Giang. Cette ligne traverse une région très riche et très peuplée du delta, elle se soude par Cam-Giang à la ligne de Hanoï à Haïphong et son point terminal Phu-Ninh-Giang est un gros centre indigène situé sur le canal des bambous, au point de concentration des riz de la région.10 août 1905 On nous écrit de Haïphong à la date du 4 juin : voici quel est à l’heure actuelle l’état d’avancement des travaux du chemin de fer entre Trai-hutt et Laokay. De ce premier point au km 95, tout est prêt et la voie est posée ; mais elle ne peut aller plus loin pour le moment, et de longtemps encore, je dirai plus loin pourquoi. Du kil. 95 à Bao-ha, kil. 99, les travaux sont très avancés et seront terminés dans le courant de juillet. De ce point au kil. 100, les terrassements et ouvrages d’arts sont terminés ; seuls les ponts manquent pour la plupart, trois seulement sont posés. Il en est de même jusqu’au kil. 117 ; fort peu de chose reste à faire, et dans cinq ou six semaines, la voie pourra être posée. Du kil. 117 au kil. 120, il y a un peu de retard dans les travaux, mais si le temps est propice, et que les entrepreneurs aient un nombre suffisant de coolies, la plate-forme sera bientôt prête. De ce point à Pho-lu, la voie est en place sur une longueur de six kilomètres.
Plus haut, et jusqu’au lot de MM Valez Frères, il reste encore quelques tranchées à terminer, mais l’importance de ce travail n’est pas assez considérable pour retarder d’une manière appréciable le ballastage et la pose de la voie. De Thai-Mieu à Laokay, tout est prêt et la pose de la voie se fait petit à petit. En un mot, tout serait à point pour la date fixée, sans l’arrêt qui se produit au kil. 95 dans la pose de la voie.
Il existe, en effet, à ce point, une immense tranchée de plus de 60 mètres de hauteur dont les travaux, très en retard, ne pourront être terminée avant deux mois et demi ou trois mois de travail. Or, tous les coolies sont redescendus dans le delta pour la récolte et le repiquage du riz, ce qui entraînera un arrêt de deux mois dans les travaux. Or, deux mois, et trois mois de travail avant la terminaison de cette tranchée font cinq mois, avant lesquels la voie ne pourra être posée sur ces deux ou trois cents mètres. De l’avis de toutes les personnes interrogées, ce passage, même au prix des plus grands sacrifices, ne pourra donc être livré pour les premiers jours de septembre.
25 septembre 1905 (toujours dans la Quinzaine Coloniale) : Chemins de fer de l’Indo-Chine et du Yunnan : il est prélevé dans la caisse de réserve de réserve et de prévoyance de l’Indo-Chine, une somme de un million cent-soixante-et -onze mille neuf cent une piastre soixante-cinq cents destinée à couvrir les paiements fait à la Compagnie française des chemins de fer de l’Indo-Chine et du Yunnan, pour les dépenses effectuées en 1904 imputés provisoirement au compte de trésorerie « dépenses à la charge de la colonie dans la construction du chemin de fer de Lao-kay à Yunnan-sen ». Cette somme sera inscrite au budget général de l’Indo-Chine pour l’exercice 1905.
25 octobre 1905 Chemin de fer de l’Indo-Chine – emprunt - Le Président de la République a signé à la date du 4 octobre 1905 le décret suivant autorisant le gouvernement d’Indo-Chine à réaliser par voie d’emprunt une somme de 80 millions, reliquat de l’emprunt de 200 millions prévus par la loi du 25 décembre 1898. On a donc créé 155 000 obligations de 500 Francs 3% au porteur, remboursables au pair en soixante-quinze ans.
10 avril 1906 Le Chemin de fer du Yunnan. On annonce que le gouvernement se propose de déposer devant la Chambre un projet de loi ayant pour but d’assurer la continuation des travaux du chemin de fer de Laokay à Yunnan-sen. Cette information ne sera peut-être pas sans surprendre ceux de nos lecteurs qui en sont restés à la convention du 15 juin 1901. Cette convention n’avait-elle pas pour but, en effet, d’assurer l’exécution de ce chemin de fer par les soins d’une compagnie privée ! Comment l’Etat peut-il avoir à intervenir à l’heure actuelle, alors que précisément, il n’a traité avec cette compagnie, en 1901, que pour se décharger sur elle de la direction et de la responsabilité financière de cette entreprise ? La compagnie concessionnaire n’a-t-elle pas pris les travaux à forfait ? Tout cela est, en effet, l’exacte réalité. Mais il en est de la convention de 1901 comme de toutes les autres conventions. Quand l’une des deux parties se dérobe, force est bien à l’autre d’aviser. C’est ce qui ce produit ici. La Compagnie du chemin de fer du Yunnan déclare être dans l’impossibilité de continuer la construction de la ligne dans les conditions prévues par son contrat. Ses disponibilités, prétend-elle, sont épuisées ; des dépenses effectuées et à faire dépassent de beaucoup les prévisions primitives, et cela par suite de fausses manœuvres ou de négligences imputable à l’administration. Jusqu’à quel point ces allégations sont-elles fondées ? C’est ce que nous ne saurions dire et pour cause. Ce qui est certain, c’est qu’il a suffi qu’elles se produisissent pour remettre en question le contrat de 1901. L’Etat aurait pu, il est vrai, se retrancher derrières les termes formels de ce contrat et en exiger l’exécution, sauf à ce que, ultérieurement, la juridiction compétente se prononçât sur le bien fondé des réclamations des deux parties en cause. Mais on sait ce que valent de pareilles mises en demeure quand il y a parti pris de n’en tenir aucun compte. D’autre part, l’Etat n’avait même pas ici la ressource de se substituer à la compagnie et d’exécuter lui-même les travaux en régie. Les raisons les plus élémentaires de convenance de droit international s’y opposaient. Il a fallu trouver un biais pour tourner la difficulté. Quel est ce biais ? C’est ce que nous apprendra la publication prochaine du projet de loi. En attendant il convient de féliciter le gouvernement d’avoir, par le dépôt de ce projet, coupé court aux bruits – qui n’étaient peut-être pas sans fondement – et qui le représentaient comme disposé à rétrocéder la ligne du Yunnan à la Chine. On avait même échafaudé sur cette rétrocession les projets les plus mirifiques et les plus grandioses. La Chine paierait la ligne – ou plutôt le droit de la construire – la Compagnie du chemin de fer du Yunnan et nous construirions le chemin de fer destiné à doubler le Mékong ce qui est, comme on sait, la grande pensée de notre attaché commercial à la légation de Bangkok. Que devenait dans tout cela le chemin de fer du Yunnan ? Ce qu’il plaisait à la Chine, c’est à dire rien. Le gouvernement a fini par se rendre compte que ce n’était pas assez, et que peut-être le Parlement trouverait mauvais qu’on traitât avec cette désinvolture une entreprise consacrée par son vote formel. De là le projet qu’on annonce. Comment se régleront les difficultés qui l’on rendu nécessaire ? C’est ce qu’aura sans doute à examiner une commission composée de représentants de tous les intérêts en cause, Métropole, Indo-Chine, Société du chemin de fer, Compagnie de construction, et qui doit aller, l’hiver prochain, faire une enquête sur place. L’essentiel est qu’il assure la continuation des travaux de la ligne et que notre pénétration commerciale et politique au Yunnan n’est pas sacrifiée, comme on a pu le craindre un moment, à nous ne savons quelle fantaisie ultra-laotienne éclose sur les bords du Ménam.
10 mai 1906 Le chemin de fer de Laokay à Yunnansen – Projet de loi ayant pour objet d’autoriser le gouvernement à prendre les mesures provisoires propres à éviter l’interruption des travaux de construction du chemin de fer de Laokay à Yunnansen, présenté par MM. Georges Leygues, ministre des colonies, Raymond Poincaré, ministre des finances, et Léon Bourgeois, ministre des affaires étrangères.10 novembre 1906 Travaux de la ligne du Yunnam : Les travaux du chemin de fer du Yunnam s’avancent rapidement. Vers Mongtze, la plate forme est achevée sur des parcours de 10, 15 et 27 kilomètres ! Dans la vallée due Ba-ta-Ho , les tunnels sont perforés et les grands remblais à leur niveau. De Héang à Tang-Cheu, les tranchées sont attaquées sur tous les points et en beaucoup d’endroits terminées. De Si-Tieu à Yunnanfou, sur près de 30 kilomètres, la plate forme est livrable à la pose. A Yunnanfou, on édifie les bâtiments de la gare et les logements du personnel. Ces travaux seront à point vers la fin de l’année.
10 août 1907 Situation des chemins de fer de l’Indo-Chine – Le ministre des colonies a transmis, à la date du 22 juillet, à M. le président de la République, le rapport prévu par la loi du 30 mars 1907, sur la situation, au 31 décembre dernier, des chemins de fer de l’Indo-Chine.
Du tableau donnant la situation des travaux de construction au 31 décembre 1906, il résulte qu’il a été construit 1 514 kilomètres 200, entièrement terminés, sauf 95 kilomètres de Mytho à Cantho. Cet ensemble de travaux a occasionné un total de dépenses de 130.337.052 francs 50. Les dépenses prévues s’élevaient à 196 millions.
En ce qui concerne les chemins de fer du Yunnan, 470 kilomètres ont été construits, ayant occasionné une dépense de 93 millions (chiffres ronds) sur les crédits prévus de 95 millions.
Le tableau des résultats de l’exploitation en 1906 sont des plus intéressants à lire. Sauf la ligne Saïgon à Bao-Chay qui accuse un débit de 40.000 francs environ, tous les autres tronçons ont donné un sérieux excédent de recettes. A elle seule, la ligne Haïphong-Hanoï-Laokay donne très près de 1.200.000 francs d’excédent. La ligne Hanoï-Ninh-Binh-Vinh vient ensuite avec plus de 200.000 francs d’excédent.
Le tronçon Touranne-Hué accuse 7.500 francs de recettes contre 2.000 de dépenses, alors qu’il n’a été ouvert à l’exploitation que le 10 décembre 1906.
10 septembre 1907 La Quinzaine Coloniale revient sur le rapport faisant ressortir la situation des chemins de fer de l’Indo-Chine au 31 décembre 1906. Elle relève entre autre, que pour la ligne du Yunnan, ni l’indication de la longueur construite et de sa prévision d’achèvement, ni le chiffre des sommes dépensées, ne sont indiquées. On notera également dans le numéro de ce jour que depuis le 24 juillet 1907, et c pour la première fois depuis quarante-cinq ans, le taux de la piastre est fixé à 2 fr. 90. Entre le 10 avril 1862 et le 31 décembre 1881 le taux fut supérieur à 5 francs (5,55 et 5,35). Du 1er janvier 1882 au 30 juin 1887 le taux varia de 4 fr. 60 à 4 francs. Du 1er juillet 1887 au 30 novembre 1891, la valeur de la piastre oscille entre 3 fr.85 et 4 francs avec quelques sauts au dessus de ce dernier taux (4 fr.05 à 4fr.45 en 1890). A partir du 1er décembre 1891, le taux décroît constamment jusqu’au 31 mars 1895, où il est de 2fr.60. Au cours de l’année 1895, la piastre flotte entre 2 fr.63 et 2fr.80 ; elle revient à 2fr.60 en septembre 1896 puis remonte en 1897 pour tomber à 2fr.30 le 1er mars 1898. Jusqu’au commencement de 1902, le taux se maintient entre 2fr.30 et 2fr.65. A partir de cette date, il va décroissant jusqu’à 2 francs (27 novembre 1902) et reste pendant quatre mois à ce chiffre (31 mars 1903). La piastre remonte ensuite péniblement jusqu’à 2fr.40 (1er septembre 1903), descend à nouveau jusqu’à 2fr.20 (13 avril 1904), puis reprend son cours ascensionnel qui s’est continué jusqu’à ce jour, avec de légères variantes.
25 septembre 1907 On apprend que l’administration d’Indo-Chine, menée par son gouverneur général M. Beau, vient d’entamer une réflexion sur la suppression de l’opium (consommation, mesures pour une suppression progressive, moins-value des ressources du budget général, répressions). M. Beau adresse également au Tonkin une note visant à évaluer l’incidence d’une éventuelle application dans la colonie de la loi du 13 juillet 1906 qui établit en France le repos hebdomadaire en faveur des employés et ouvriers Européens.
25 février 1908 La ligne du Yunnan - Les travaux d’infrastructure sont en très bonne voie. Les œuvres d’art, les ponts métalliques et particulièrement celui de 67 mètres de portée, dont le lancement constituera, au point de vue de l’art de l’ingénieur, une opération très nouvelle et très hardie, demanderont assez longtemps. Cependant, on peut d’ores et déjà prévoir que la ligne sera achevée dans les délais voulus, c’est à dire dans les premiers mois de 1910.
25 mars 1908 Les travaux du chemin de fer du Yunnan sont poussés très activement. Le rail est posé sur une longueur de 83 kilomètres et n’est arrêté que par la construction d’un viaduc métallique de 160 mètres. Au delà de cette lacune, la voie est presque complètement terminée sur un tronçon de 90 kilomètres. Tout compris, la longueur de la ligne en voie d’achèvement atteint 239 kilomètres. On espère que le rail pourra arriver à Mongtsé en septembre ou octobre et que des mesures seront prises pour l’exploitation immédiate de ce premier tronçon, qui allégerait sensiblement les charges de l’entreprise, en attendant que le chemin de fer arrive à Yunnan-Sen.
10 juin 1908 Prolongement de la ligne du Yunnan – Il est décidé que le chemin de fer du Yunnan sera prolongé jusqu’au Sétchoan, avec point terminus à Souifou, sur le fleuve Bleu.25 juillet 1908 Les ministres des colonies, des finances et des affaires étrangères ont déposé récemment sur le bureau de la Chambre un projet de loi autorisant le gouvernement général de l’Indo-Chine à contracter, au taux maximum de 3,75%, un emprunt de 53 millions pour couvrir les dépenses mises par la sentence arbitrale du 13 avril 1908 à la charge de la colonie pour la construction du chemin de fer du Yunnan.
10 août 1908 Ouverture à l’exploitation d’une nouvelle section de la ligne du Yunnan – Un arrêté du 11 juin 1908 a autorisé la Compagnie française des chemins de fer de l’Indo-Chine et du Yunnan à ouvrir à l’exploitation provisoire, sous certaines réserves, à partir du 15 juin, la section de la ligne de Laokay à Yunnansen comprise entre Laokay et Lahati. Cette nouvelle section a une longueur de 71 kilomètres. Elle dessert Hokéou, Nam-tsi, Ma-Kai, Lao-Fan-Tchai, Ta-Tchou-Tang et Lahati.
Le trafic de la nouvelle ligne, dit l’avenir du Tonkin, s’augure bien. Les deux premiers trains, qui ont circulé entre Pho-Moi et Lahati dans des conditions satisfaisantes, étaient littéralement bondés de voyageurs, animés des meilleurs dispositions. Ils ont tous, en effet, malgré les appréhensions, payé le prix de leur place, sans aucune difficulté, les uns en piastres indo-chinoises, les autres en monnaie de Hongkong. La ligne télégraphique, fréquemment interrompue jusqu’alors, a été rétablie grâce aux mesures énergiques du grand-juge qui n’a pas hésité à accorder satisfaction à nos réclamations formulées à ce sujet.
10 septembre 1908 Chemin de fer du Yunnan – Projet de loi – Ainsi que nous l’avons annoncé précédemment, un projet de loi a été déposé le 7 juillet dernier sur le bureau de la Chambre, à l’effet d’autoriser le gouvernement général de l’Indo-Chine à contracter un emprunt de 53 millions pour couvrir les dépenses mises par la sentence arbitrale du 13 avril 1908 à la charge de la colonie pour la construction du chemin de fer du Yunnan.
Nous croyons devoir reproduire ci-après, à titre documentaire, le texte de ce projet de loi. En voici d’abord l’exposé des motifs :
Messieurs,
La loi du 30 mars 1907 a autorisé le gouvernement de l’Indo-Chine à régler, par voie d’arbitrage, aux conditions d’un compromis en date du 15 février 1907, les litiges survenus entre la colonie et la Compagnie française des chemins de fer de l’Indo-Chine et du Yunnan, au sujet de la construction du chemin de fer de Haïphong à Laokay et Yunnansen, qui avait été concédée à cette Compagnie par convention du 15 juin 1901, approuvée par la loi du 5 juillet 1901.
De la sentence rendue par les arbitres le 13 avril 1908, il résulte, en ce qui concerne la section de Laokay à Yunnansen, située sur le territoire chinois, que l’évaluation des dépenses, qui primitivement était de 94 millions, doit être portée au maximum de 165 millions et demi en chiffres ronds, y compris une somme à valoir de 7.000.000 de francs pour travaux et fournitures imprévus à exécuter après l’ouverture à l’exploitation.
La convention de concession de 1901 avait prévu que la dépense, évaluée forfaitairement à 96 millions, serait imputée comme suit :
1. Prélèvement sur le capital-actions de 12.500.000 francs de la Compagnie concessionnaires, soit 7.500.000 francs.
2. Capital-obligations gagé par la subvention annuelle de 3.000.000 de francs de la colonie, garantie par le gouvernement français soit 76.000.000 de francs.
3. Subvention en espèces fournie par l’Indo-Chine soit 12.500.000 francs.
La sentence arbitrale fixe comme suit l’imputation des dépenses de construction à prévoir :
1. Capital-actions : a) prélèvement sur le capital-actions primitif de 12.500.000 francs de la Compagnie concessionnaire soit 9.930.441 francs. b) Capital-actions complémentaire de 5.000.000 de francs.
2. Capital-obligations : a) Obligations primitives gagées par la subvention annuelle de la colonie de 3.000.000 de francs soit 76.006.000 francs. b) Obligations nouvelles garanties à emettre par la Compagnie ou disponibilités de la Compagnie 10.480.902 francs.
3. Contributions en espèces de la colonie : a) Subvention primitive de 12.500.000 francs. b) Ressources nouvelles à créer par la colonie 51.541.485 francs.
Total général (somme à valoir comprise ) 165.466.888 francs.
Il ressort de ce tableau que la Compagnie qui, par la convention du 15 février 1907, approuvée par la loi du 30 mars suivant, s’était engagée à augmenter, s’il y avait lieu, son capital-actions de 5 millions, devra effectivement procéder à cette augmentation et porter de 7.500.000 francs à 14.930.441 francs le total des prélèvements sur son capital-actions à affecter aux dépenses de construction du chemin de fer du Yunnan. D’autre part, elle devra, à défaut de disponibilités, émettre de nouvelles obligations garanties pour une somme de 10.500.000 francs en chiffres ronds.
Quant à la colonie de l’Indo-Chine, elle doit employer à la construction de ce chemin de fer une somme supplémentaire de 51.541.485 francs, soit 53 millions en chiffres ronds, en y comprenant les frais de l’arbitrage, les frais de contrôle de construction qui, en raison de la substitution du régime de l’exécution sur quantités effectives au régime du forfait global, exige une surveillance très complète des travaux, les intérêts moratoires, s’il y a lieu, applicables aux sommes à verser par la colonie à la Compagnie, et enfin les frais de négociation de l’emprunt.
Le gouvernement avait tout d’abord envisagé la solution d’un emprunt général de liquidation comportant la création des ressources nécessaires tant au paiement des sommes mises à la charge de l’Indo-Chine par la sentence arbitrale pour la construction de la ligne du Yunnan, qu’à l’apurement des comptes de premier établissement de tout le réseau de chemins de fer établi dans cette colonie en application de la loi du 25 décembre 1898. Parmi, ces lignes, celle de Haïphong à Hanoï et à Laokay, construite par la colonie et concédée à la même Compagnie que celle du Yunnan, a également fait l’objet d’une décision des arbitres, qui ont mis à la charge de l’Indo-Chine divers travaux complémentaires de parachèvements évalués à environ 9 millions.
Mais il a paru tout d’abord qu’il convenait de distinguer nettement des lignes dont la construction n’est pas soumise au même régime financier ; en effet, tandis que le chemin de fer du Yunnan a été établi, pour la majeure partie, au moyen de ressources garanties par le gouvernement français. Les dépenses de construction des lignes de l’Indo-Chine ont été imputées sur l’emprunt de 200 millions non garanti par la métropole.
D’autre part, la sentence arbitrale a pris pour la ligne de Haïphong-Laokay des décisions alternatives, comportant des dépenses différentes suivant la solution qui sera définitivement adoptée et pour le choix desquelles la colonie a un délai d’option qui n’expire que le 1er octobre 1908. Jusqu’à cette date donc, il est impossible de fixer exactement les charges qui incomberont de ce chef à la colonie.
Enfin la construction des lignes du sud de l’Annam n’est pas suffisamment avancée pour que l’on puisse dès maintenant évaluer avec précision les dépenses définitives y afférentes.
Et d’ailleurs la création des ressources nécessaires à l’achèvement du chemin de fer du Yunnan présente un réel caractère d’urgence. En effet, si les troubles récemment survenus dans la partie inférieure de la vallée du Namti, aux abords immédiats de Laokay, ne devaient pas exercer une influence trop fâcheuse sur l’avancement des travaux, on serait en droit d’espérer que l’ouverture à l’exploitation de la section de Laokay à Mongtzé, sur une longueur de 150 kilomètres, pourrait avoir lieu dès le début de l’année 1909. Alors les difficultés techniques seront surmontées, et, les travaux de terrassements et d’ouvrages d’art étant dès maintenant presque achevés jusqu’à Yunnansen, l’ouverture de la seconde et dernière partie, sur une longueur de 320 kilomètres, sera uniquement subordonnée à la pose de la voie. Ainsi peut-on prévoir qu’à moins de circonstances de force majeure, la locomotive atteindra la capitale du Yunnan au cours de l’année 1910.
Tous ces motifs on engagé le gouvernement à soumettre immédiatement aux délibérations des Chambres un projet de loi spécial autorisant le gouvernement général de l’Indo-Chine à créer les ressources nécessaires pour l’achèvement du chemin de fer du Yunnan et l’exécution de la sentence arbitrale du 13 avril 1908.
Le montant des ressources à réaliser sera, ainsi qu’il a été justifié plus haut, de 53 millions, au taux d’intérêt maximum de 3,75%. L’emprunt sera comme celui de 200 million qui a été autorisé par la loi du 25 décembre 1898, amortissable en 75 ans.
L’annuité nécessaire pour le service de cet emprunt sera inscrite parmi les dépenses obligatoires du budget général de l’Indo-Chine, mais on a cru devoir prévoir la garantie du gouvernement français, ainsi que les Chambres l’ont déjà approuvée par les lois du 25 décembre 1898 et 30 mars 1907 pour les obligations émises ou à émettre en vue de l’exécution de la ligne du Yunnan.
D’ailleurs, la situation financière de l’Indo-Chine permet de croire que la garantie de l’Etat ne sera nullement effective et que l’inscription de cette disposition dans la loi aura uniquement pour effet de permettre à la colonie d’obtenir pour cet emprunt des conditions financières plus favorables. Dans le cas où, contrairement aux prévisions, l’Etat devrait, du fait de cet engagement, consentir des avances à l’Indo-Chine, le remboursement en serait assuré par l’inscription des crédits nécessaires aux dépenses obligatoires du budget général et par l’affectation spéciale à cet objet de la moitié au moins des excédents des exercices ultérieurs.
Telles sont les dispositions essentielles du projet de loi que le gouvernement a l’honneur de soumettre aux délibérations de la Chambre des députés.
PROJET DE LOI
Le Président de la République française
Décrète :
Le projet de loi dont la teneur suit sera présenté à la Chambre des députés par le ministre des colonies, le ministre des finances et par le ministre des affaires étrangères, qui sont chargés d’en exposer les motifs et d’en Soutenir la discussion :
Article premier. Le gouvernement général de l’Indo-Chine est autorisé à réaliser, par voie d’emprunt, à un taux qui ne pourra excéder trois francs soixante-quinze centimes pour cent (3,75%), une somme de cinquante-trois millions de francs (53.000.000 fr.), remboursable en 75 ans au plus.
Cette somme sera exclusivement affectée à couvrir la part complémentaire, mise à la charge de la colonie d’Indo-Chine par la sentence arbitrale rendue en exécution du compromis approuvé par la loi du 30 mars 1907, dans les dépenses de construction du chemin de fer de Laokay à Yunnansen, y compris les frais de l’arbitrage et du contrôle de la construction et, s’il y a lieu, les intérêts moratoires.
Les frais de négociation seront également prélevés sur le produit de l’emprunt.
Les condition de l’émission seront soumises à l’approbation du ministre des colonies et du ministre des finances.
Art. 2. L’annuité nécessaire pour assurer le service des intérêts et de l’amortissement de l’emprunt autorisé par la présente loi sera inscrite obligatoirement aux dépenses du budget général de l’Indo-Chine ; le payement en sera garanti par le gouvernement de la République française.
Le payement des intérêts et le remboursement des obligations seront effectués à Paris.
Art. 3. Le gouvernement général de l’Indo-Chine restera débiteur envers l’Etat des sommes que celui-ci aurait éventuellement à verser au titre de la garantie.
Le remboursement de ces avances, qui ne seront pas productives d’intérêt, constituera une dépense qui sera obligatoirement inscrite aux dépenses du budget général de l’Indo-Chine.
Les excédents des exercices ultérieurs seont affectés pour une moitié au moins au remboursement de ces avances.
Art. 4. Les actes susceptibles d’enregistrement auxquels donneront lieu, soit l’application de la sentence arbitrale du 13 avril 1908, soit l’exécution des dispositions de la présente loi, ne seront passibles que du droit fixe de trois francs (3 fr.).
25 mars 1909 Le Journal officiel du 16 mars a publié la loi adoptée par le Sénat et la Chambre des députés autorisant le gouvernement général de l’Indochine à contracter à un taux n’excédant pas 3,75 % , un emprunt de 53 million destiné à couvrir les dépenses mises à la charge de la colonie par la sentence arbitrale du 13 avril 1908 rendue en exécution du compromis approuvé par la loi du 30 mars 1907, pour la construction du chemin de fer de Laokay à Yunna-Sen.
10 mai 1909 Actes officiels – JO 4 avril – Loi portant approbation d’un avenant à la convention du 15 juin 1901, conclu, le 23 mars 1909, entre le ministère des colonies et la Compagnie française des chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan.
Chemins de fer – Les tarifs de la ligne de Yunnansen - Un décret en date du 8 avril décide que le maximum des droits de péage et des prix de transport unitaires est, à titre provisoire, et pour la section du chemin de fer concédé comprise entre les stations de Hokéou et de Mongtzé, fixé au double des chiffres portés au tableau de l’article 32 du cahier des charges de la concession. Toutefois la fixation de tarifs d’application supérieurs aux maxima stipulés au dit cahier des charges est subordonnée à l’approbation préalable du gouverneur général de l’Indochine.
25 Juin 1909 Une seconde section du chemin de fer du Yunnan , celle de La-ha-ti à Mong-tseu-Pi-che-tchai, a été ouverte à l’exploitation le 15 avril dernier. Cette date marque une étape décisive dans la marche de cette entreprise. La distance qui sépare Mong-tseu de Lao-kay n’est, il est vrai, que de 153 kilomètres, alors que la ligne en mesure au total 470. Mais c’est dans cette première partie du tracé, que les travaux présentaient le plus de difficultés. Le rail a, en effet, pour atteindre Mong-tseu, à gravir un formidable escalier composé de plans successifs par lequel il s’élève jusqu’à l’altitude de 1.550 mètres. A partir de ce point, si on ne peut pas dire que la locomotive « roule en plaine » - car entre Mong-tseu et Yunnan-sen le terrain ne laisse pas que d’être encore accidenté et de présenter des différences de relief relativement considérables, l’altitude s’élevant de 1.550 mètres à 2.028 et s’abaissant dans l’intervalle jusqu’à 1.054 mètres – du moins ces différences, réparties d’ailleurs sur un parcours de 217 kilomètres n’opposent-elles à l’art de l’ingénieur que des obstacles facilement surmontables et hors de toute comparaison avec ceux que la Société concessionnaire a rencontrés entre La-ba-ti et Mong-tseu, où, sur une longueur de 82 kilomètres seulement, la ligne s’élève de 1.289 mètres. On est donc autorisé à considérer la période difficile et critique de l’entreprise comme terminée et à escompter son achèvement définitif pour la fin de 1910, époque pour laquelle il a été prévu. Nous nous sommes expliqué à diverses reprises sur les chances d’avenir et nous n’y reviendrons pas. Nous nous bornons à constater que d’ores et déjà, par suite de l’ouverture à l’exploitation de la section La-hau-ti-Mong-tseu, Hanoï, la capitale et Haïphong, le principal port du Tonkin sont à moins de deux jours de Mong-tseu et de la partie des hauts plateaux du Yunnan, situés dans la zone d’attraction de cette ville. Encore la durée du trajet paraît-elle devoir être notablement abaissée par la suite lorsque les derniers travaux de mise au point de la ligne auront été exécutés. Dans l’état actuel, le voyageur parti de Haïphong le soir à 7h.49 peut être rendu à Mong-tseu le surlendemain à 5 h. du soir, ayant franchi en moins de quarante-huit heures, sur lesquelles deux arrêts de nuit, le premier de huit heures environ à Hanoï, le second de douze heures à Lao-kay, la distance de 552 kilomètres qui sépare le port tonkinois de la ville chinoise. Si on se souvient que le même trajet, par les moyens de transport précaires et souvent dangereux antérieurement pratiqués, demandait de vingt à trente jours au minimum, on se rend compte de l’importance de l’amélioration apportée dans les communications du Tonkin avec le Yunnan. Les deux pays sont reliés aujourd’hui par une véritable voie commerciale, à la fois rapide et sûre, qui ne peut manquer d’exercer une influence considérable sur le développement de leurs échanges et qui donne au Tonkin, au point de vue du transit, toute sa valeur. D’ores et déjà elle est utilisée pour la descente sur Haïphong des étains des mines de Kio-tieou. Dans quelques jours, si ce n’est déjà fait, elle va l’être pour le transport des légumes frais et des fruits que produit le Yunnan et qui sont des pays à climat tempéré. La Compagnie du chemin de fer organise en effet des convois de wagons de primeurs qui constitueront une ressource précieuse, soit pour le ravitaillement des navires qui fréquentent les ports de l’Indochine, soit, mieux encore, pour l’alimentation des colons. Il faut avoir habité les colonies pour apprécier à sa juste valeur l’importance que peut avoir cette ressource, pour le bien-être et la santé des Européens. C’est un des avantages du chemin de fer du Yunnan qui, pour secondaire qu’il soit, n’est pas négligeable et qui vient s’ajouter à tous ceux qu’il est permis d’attendre du nouvel instrument de transport dont le Tonkin est appelé à bénéficier.
25 juin 1909 Actes officiels – journal officiel de l’Indochine – Chemins de fer – Ligne du Yunnan : ouverture à l’exploitation d’une nouvelle section – La section de La-ha-ti à Mong-tseu-Pi-che-Tchai (kil. 153) a été ouverte à l’exploitation le 15 avril dernier. L’horaire des trains est le suivant : départ de Lao-kay à 6 h.35 matin, arrivée à Mong-tseu-Pi-che-tchai à 5 heures soir. Départ de Mong-tseu-Pi-che-tchai à 8 h.31 matin, arrivée à Lao-kay à 6h.23 soir.
25 juillet 1909 Sur la ligne du Yunnan – Suivant une correspondance adressée au Temps, de Lao-kay, le 10 juin, un tremblement de terre a causé d’assez grands dégâts le 11 mai dernier sur la ligne de Lao-kay à Yunnan-fou, aux environs de Po-si, vers le kilomètre 300. Plusieurs ouvrages d’art, aqueducs, viaducs et murs de soutènement ont été lézardés.
Les dégâts de la ligne seront bientôt réparés. La ligne est actuellement en exploitation jusqu’à A-mi-tchéou (kilom. 228, en prenant Lao-kay comme origine). La vitesse commerciale est de 20 kilomètres en moyenne. Elles transporte, à la descente, les étains de Ko-tiou, des moutons, des fruits de la zone tempérée inconnus au Tonkin, des matières tinctoriales, etc. ; à la montée, des cotonnades, filés et tissus, du pétrole et une quantité d’articles de bazar d’origine japonaise et allemande.
Dans la partie qui reste en construction, l’avancement est au kilomètre 331-600, au pont métallique de 50 mètres de Tché-ké-pi, destiné à franchir le Ta-tchen-hù qui est un des principaux bras antérieurs de la rivière de Canton.
La pose, après le lancement du pont, se continuera à raison de 1.400 mètres par jour, ce qui va permettre d’atteindre Yunnan-fou avant la fin de l’année.
10 août 1909 Une nouvelle section du chemin de fer du Yunnan vient d’être ouverte, et depuis le 17 juillet l’exploitation s’étend jusqu’à Pono-hi, ou Po-Si (kil. 301).
C’est au delà de cette section que le tremblement de terre des 11,12 et 13 mai a causé les plus grands dommages. D’énormes blocs détachés de la montage se sont écroulés sur la plate forme ; plusieurs agglomérations chinoises dans les environs, et en particulier la petite ville de Pouo-Hi, ont été en partie détruites. Néanmoins, la pose de la voie se poursuit activement ; elle était parvenue le 15 juillet au kilomètre 335 ; il ne reste donc, avant d’arriver à Yunnan-Sen, qu’à poser 135 kilomètres de voies et deux tabliers métalliques de 50 mètres.
Si aucune calamité nouvelle ne survient, le chemin de fer de Haïphong à Yunnan-Sen sera mis en exploitation sur toute sa longueur, soit 850 kilomètres, dès le commencement de 1910.
25 novembre 1909 Le chemin de fer du Yunnan – La construction du chemin de fer du Yunnan, après des traversées sans nombre qui ont failli compromettre le sort de cette entreprise, touche à son terme. Au mois de février prochain la locomotive atteindra Yunnan-Sen ; en avril la ligne entrera en exploitation sur tout son parcours. C’est dire que l’Union coloniale, en inscrivant la question du chemin de fer du Yunnan à l’ordre du jour de son dernier dîner mensuel, s’est inspirée d’un sentiment exact de l’actualité, sans parler des considérations politiques et économiques par lesquelles ce problème, en tout état de cause, se recommande à l’attention de l’opinion publique française. Si nous ajoutons que le soin d’exposer cette question avait été confié à M. le commandant d’Ollone, dont les remarquables travaux sur la Chine sont connus de nos lecteurs et qui, au cours d’une récente mission d’études dans le Céleste-Empire, a pu se rendre compte par lui-même des conditions qui ont présidé à la construction du chemin de fer du Yunnan et de ses possibilités de trafic, on reconnaîtra que nous n’exagérons pas en insistant sur l’intérêt tout particulier qu’a offert cette réunion. Nos lecteurs seront d’ailleurs à même d’en juger par la publication que nous nous proposons de faire dans notre prochain numéro, si ce n’est dans celui-ci, du texte intégral de l’exposé de M. le commandant d’Ollone et des observations auxquelles cet exposé a donné lieu.
Nous leur laissons le soin d’apprécier eux-mêmes la valeur des diverses opinions émises par les orateurs qui ont pris part à cette discussion, soit sur l’utilité politique du chemin de fer du Yunnan, soit sur sa valeur économique ou financière, soit, enfin, sur les avantages et les inconvénients que peut présenter pour nous son prolongement jusqu’au Sze-Tchouen. Ce que nous tenons à constater, c’est que, si ces orateurs ont pu différer d’avis entre eux sur la solution à donner à ces questions, il est du moins un point, sur lequel leur accord a été complet et s’est manifesté avec une énergie toute particulière, ainsi d’ailleurs que celui de l’assemblée tout entière. Optimistes et pessimistes, ceux chez qui la circonspection domine et ceux que n’effraient point les initiatives hardies ; ceux qui voient dans le chemin de fer du Yunnan seulement une « affaire » et ceux qui y voient surtout une œuvre politique ; ceux qui ne s’occupent que de l’intérêt présent et ceux qui portent leurs regards sur l’avenir et, pour citer des noms qui ne sont pas sans ajouter quelques valeur à cette opinion, M. le commandant d’Ollone, M. J. Harmand, M. Paul Leroy-Beaulieu, M. Messimy et M. Chailley, tous se sont prononcés contre l’idée qui a été émise dans certains milieux de vendre la ligne aux Chinois.
Ceux qui ont lancé cette idée dans la circulation invoquent deux arguments principaux. Le chemin de fer du Yunnan, disent-ils, n’a plus pour nous aucun intérêt politique, en admettant qu’il en ait jamais eu un quelconque, depuis que le maintien de l’intégrité territoriale de la Chine est un principe admis par toutes les puissances et que, au surplus, la Chine elle-même a pris ses précautions pour se prémunir contre les atteintes qui pourraient être portées à cette intégrité. A quoi bon dès lors lui conserver le caractère d’une entreprise d’Etat qui en fait, inutilement, une menace dirigée contre la Chine ? A quoi bon maintenir, entre la Chine et nous, cette cause de friction, cet obstacle à l’établissement de rapports normaux empreints d’une cordialité et d’une confiance réciproques ? Les Chinois ont assez montré qu’ils entendaient rester maîtres chez eux. Prouvons-leur, en leur cédant le chemin de fer, que nous nous inclinons devant la légitimité de cette prétention. Que pouvons-nous raisonnablement désirer ? C’est que la ligne nous rende, au point de vue économique, les services que nous en attendons ? Ce résultat ne sera-t-il pas tout aussi sûrement obtenu a supposer que les Chinois soient propriétaires du chemin de fer ? Et les partisans de la cession font valoir – second et, suivant eux, décisif argument – que cette cession allégerait la situation financière de l’Indochine, chargée, du fait des emprunts contractés en vue de la construction du chemin de fer et de la garantie d’intérêts consentie à la compagnie concessionnaire, d’annuités extrêmement onéreuses ; qu’elle mettrait aux mains de la colonie – sans emprunt nouveau – le capital dont celle-ci a besoin pour poursuivre la construction de son outillage économique et, notamment, pour entreprendre, au Tonkin, les travaux d’hydraulique agricole dont l’exécution s’impose avec un caractère impérieux d’urgence.
L’opération, ainsi présentée, ne laisse pas que de paraître séduisante. Le principal défaut de l’argumentation que nous venons de résumer est qu’elle tient dûment établi un point qui n’est rien moins que prouvé. Pour une vente, il faut être deux. Or, si nous voyons bien le vendeur, rien ne nous répond du consentement de l’acheteur présumé, rien même ne nous autorise à supposer que cet acheteur présumé soit disposé à faire l’affaire. C’est même le contraire qui est le plus probable. En admettant que nous n’ayons aucun intérêt politique à conserver le contrôle du chemin de fer, la Chine, elle, n’a qu’un intérêt politique à s’assurer ce contrôle. Cet intérêt vaut-il, à ses yeux, qu’elle y sacrifie une somme de 166 millions, prix de revient de la ligne, plus les indemnités qu’il faudrait sans aucun doute payer à la compagnie dépossédée de l’exploitation, plus les charges complémentaires qu’entraîneraient la conclusion d’un emprunt et les intérêts de cet emprunt ? Si la Chine doit emprunter en vue de la constitution de son réseau ferré, n’est-il pas vraisemblable qu’elle sera portée à consacrer les ressources qu'elle pourra se procurer ainsi à la construction de nouvelles lignes, avant de songer à les employer au rachat d’une ligne existante, dont, au surplus, elle retire au point de vue commercial les mêmes avantages que si cette ligne lui appartenait en propre et dont, en outre, elle n’a point à supporter les aléas d’exploitation.
La Chine, on le voir, ne manque pas de bonnes raisons, - sans parler des mauvaises – pour n’accueillir qu’avec un médiocre empressement les propositions de vente qui pourraient lui être faites. On peut même penser que, ces raisons, elle les invoquera d’autant plus volontiers et y instaurait d’autant plus fortement qu’elle serait peut-être, dans son for intérieur, plus disposée à se laisser, en fin de compte, faire violence. Faire la petite bouche sur une marchandise qui vous est offerte, déclarer qu’on n’en a pas besoin et qu’on veut à aucun prix, la déprécier même pour l’avoir à meilleur compte, c’est l’enfance de l’art du métier d’acheteur et l’on sait de reste que les Chinois sont bons commerçants. Ce n’est pas à nous de faire leur jeu en nous présentant à eux comme des gens qui ne savent que faire du chemin de fer du Yunnan et qui ne demandent qu’à s’en débarrasser. S’ils sont résolu à ne pas l’acheter, nous allons au devant d’un refus qui nous met en fâcheuse posture et qui n’est pas fait pour rehausser notre prestige. Si, au contraire, ils ont le secret désir de s’en rendre acquéreur, nous leur ouvrons nous-mêmes les voies à un marchandage dans lequel ils tiennent le bon bout, du fait seul que l’initiative des pourparlers vient de nous. On sait quel avantage assure à un plaideur, dans un procès, la situation de défendeur. Cet avantage, nous l’avons actuellement ; conservons-le et gardons-nous bien d’échanger ce rôle contre celui de demandeur.
Aussi bien nous avons, par ailleurs, et en nous plaçant dans l’hypothèse d’une vente possible, tout intérêt à attendre et à « voir venir ». A ne le considérer que comme un instrument économique, la valeur du chemin de fer du Yunnan reste encore enveloppée d’incertitudes. Est-elle considérable ? Est-elle nulle ? C’est ce que personne ne peut savoir avant que l’entreprise ai fait ses preuves. Le plus probable est que cette valeur, médiocre au début, est destinée à croître – rapidement peut-être - , si la compagnie concessionnaire et l’administration indochinoise, chacune de son coté, y mettent du leur et ne négligent aucun moyen, l’une par une exploitation libérale et intelligente, par la création de voies secondaires, par la recherche des éléments de trafic, l’autre par l’abaissement des droits et la simplification des formalités de transit, pour assurer à la ligne le maximum de rendement dont elle est susceptible. Ce jour-là, si la Chine est disposée à anticiper sur le délai de trente ans à l’expiration duquel le rachat est un droit absolu pour elle et si, de notre coté, nous n’avons aucune objection de principe à faire à cette anticipation, nous serons dans des conditions infiniment plus favorables pour discuter les propositions qui pourront être faites. Notre « marchandise » aura pris toute sa valeur et nous ne l’aurons pas dépréciée par notre hâte à nous en défaire. Nous la vendons à son prix, comme un commerçant qui sait ce qu’elle vaut et qui n’est pas pressé de « faire de l’argent » et non comme un commerçant qui liquide après faillite et qui fait flèche de tout bois. L’Indochine attendra plus longtemps pour rentrer dans ses débours, soit ; mais elle aura du moins la quasi certitude de rentrer dans l’intégralité de ses débours tandis qu’aujourd’hui ….
A un autre point de vue, plus important peut-être encore, il est de son intérêt d’attendre. Maître du chemin de fer, il est tout indiqué que nous en tirions le meilleur parti possible. Or, le statu quo nous assure à cet égard le maximum de garanties. Nous sommes certains que la direction technique sera à la hauteur de sa tâche, que tous les efforts nécessaires seront fait pour achalander la ligne et que, par suite, le Tonkin tirera de celle-ci tous les avantages commerciaux qu’elle comporte et dont la perspective a été une des deux raisons déterminantes de cette entreprise et reste sa justifications. Que le chemin de fer passe aux mains de la Chine, et la situation risque fort de se modifier à notre détriment. On sait dans quelles conditions défectueuses fonctionnent les lignes dont les Chinois ont cru pouvoir assumer l’exploitation. On peut se douter, d’autre part, que l’intérêt du Tonkin à drainer le trafic du Yunnan sera le cadet de leurs soucis, et que, s’il ne dépend que d’eux, la portion de ce trafic dont bénéficiera la voie tonkinoise sera réduite à sa plus simple expression. La cession du chemin de fer à la Chine nous met ainsi à la merci de l’impéritie et de la mauvaise volonté chinoises. Il en va tout autrement si cette cession est retardée, si, dans l’intervalle, la ligne a pu faire la preuve de son utilité entre des mains intéressées à sa bonne exploitation, si le commerce chinois a pris l’habitude de s’en servir, si, en un mot, le courant commercial qu’il a pour but de créer à travers le Tonkin est solidement établi. Il n’y aura alors ni insuffisance technique de la direction, ni mauvais vouloir qui puissent tenir contre la force de la situation acquise.
Enfin, il n’est pas jusqu’à nos rapports avec la Chine qui n’aient à gagner à ce que nous ne précipitions rien. Il est possible qu’actuellement elle supporte impatiemment l’existence, sur son territoire, d’une entreprise qu’elle est autorisée dans une certaine mesure à considérer comme une atteinte à son indépendance. Mais elle n’en est plus à apprendre que cette entreprise ne menace en rien son intégrité territoriale et n’a aucune pointe dirigée contre elle, que notre seul but, en en conservant la direction, est d’en assurer le fonctionnement dans les meilleures conditions possibles. Cela étant, même les éléments les plus xénophobes du Céleste-Empire officiel – car, pour les commerçants chinois, la preuve est déjà faite – ne tarderons à s’apercevoir qu’à ce bon fonctionnement ils sont aussi intéressés que nous, en raison des avantages que le Yunnan est appelé à en retirer. Ce sera comme une leçon de choses, comme la démonstration par le fait que la solidarité d’intérêts qui unit l’Indochine et l’empire chinois. Or, là où il y a solidarité d’intérêts, l’entente s’impose, la sympathie naît et la confiance n’est pas loin. Encore faut-il que cette démonstration soit faite et que les Chinois apprennent à voir en nous des voisins utiles et profitables. Maîtres du chemin de fer, il dépend pour une large part de nous de faire pénétrer cette conviction dans leur esprit. Si nous leur en abandonnions dès maintenant la propriété et le contrôle, chacun rentrant ou restant chez soi, il y aurait des chances pour que le rapprochement, manquant de base, et plutôt contrarié que la facilité par le souvenir de cette liquidation prématurée et par des tractations limitées aux seules questions de frontière, plus irritantes généralement qu’apaisantes, ne se fit pas ou fût retardé jusqu’à un avenir lointain.
10 avril 1910 Le chemin de fer du Yunnan : La locomotive a fait son entrée à Yunnan-sen le 1er avril, c’est à dire exactement à la date promise par la Compagnie des chemins de fer d’Indochine et du Yunnan qui, comme on le sait, avait, depuis deux ans, pris directement en mains l’achèvement des travaux de construction de la ligne destinée à relier le Tonkin à la capitale de la province chinoise limitrophe. Grâce à la rapidité avec laquelle l’entreprise a été menée dans cette seconde phase, le retard qu’elle avait subi dans la première a été réparé et la mise en exploitation de la ligne sur un parcours total a pu avoir lieu, à très peu de chose près, dans les délais primitivement stipulés. L’avenir nous enseignera sur sa valeur économique, très discutée, on le sait. Elle dépend, pour une large part, du développement qui sera donné aux exploitations minières du Yunnan, et de plus ou moins d’empressement que les Chinois de cette province mettront à accueillir les capitaux étrangers et la direction des ingénieurs européens pour la mise en valeur des richesses de son sous-sol. Nous serions bien surpris pour notre part que le sentiment de leur intérêt bien entendu ne finit pas par avoir raison de leur xénophobie et leur misonéisme. Leurs préventions ne peuvent, en effet, qu’aller en s’atténuant à la faveur des contacts plus fréquents que le chemin de fer va établir entre eux et l’Europe. Les premiers résultats de l’exploitation, alors que le rail n’atteignait pas encore son terminus, attestent d’ailleurs qu’ils apprécient l’utilité du nouveau moyen de transport mis à leur disposition et grâce auquel Yunnan-sen, séparé de Haïphong par une distance de 833 kilomètres qu’on mettait naguère une quinzaine de jours à franchir à la descente et à peu près le triple à la montée, n’en est plus aujourd’hui qu’à deux jours dans un sens comme dans l’autre.
Ils l’apprécieront d’autant plus que l’ouverture de la ligne à l’exploitation jusqu’au chef-lieu de la province arrive à point nommé pour les aider à résoudre le problème, vital pour eux, posé par les mesures restrictives de la culture de l’opium qui, jusque là, constituait, avec le produit des mines d’étain et plus encore, le principal objet d’échange et la plus importante ressource du pays. Cette culture a été, en effet, remplacée en grande partie par celle du maïs, dont les produits ont besoin d’un débouché extérieur. Grâce au chemin de fer, ce débouché leur est assuré désormais et les Yunnanais n’auront pas trop à souffrir de la diminution de l’exportation de la précieuse drogue qui leur fournissait le plus clair de leurs moyens d’existence. Ainsi, et par tous les autres échanges que la nouvelle ligne rend possibles ou plus faciles, va se créer entre le Yunnan et le Tonkin une communauté d’intérêt qui est de nature à fortifier singulièrement notre entente avec la Chine. Comme on l’a dit très justement ces jours derniers au Sénat, la politique d’affaires est celle que comprennent le mieux les Chinois. Or, le chemin de fer est essentiellement tout à la fois le symbole et l’instrument de cette politique. Et c’est pourquoi l’achèvement de la ligne du Yunnan, si nous savons, par un traitement libéral, rendre l’usage de cette ligne facile et avantageux pour les Chinois, doit être considéré comme une garantie nouvelle de nos bonnes relations avec le Céleste-Empire et, par suite de la sécurité de notre grande possession asiatique.
10 avril 1910 Chemin de fer – La ligne du Yunnan – La nouvelle ligne de chemin de fer de Yunnan-sen a été inauguré le 31 mars et livré aussitôt à la circulation.
25 mai 1910 L’inauguration du chemin de fer du Yunnan – Nous avons, dans notre numéro du 10 avril dernier, annoncé la mise en exploitation, à la date du 1er avril du même mois, du dernier tronçon du chemin de fer du Yunnan. Les journaux du Tonkin nous apportent aujourd’hui des détails circonstanciés sur les fêtes qui ont eu lieu à cette occasion pour célébrer l’inauguration officielle de la ligne. Ce qu’il faut en retenir tout d’abord, c’est l’hommage mérité rendu par M. Getten, directeur général de la Compagnie des chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan, à tous ceux qui ont assuré le succès de cette entreprise, depuis Jean Dupuis et Francis Garnier qui, les premiers, en ont pressenti la possibilité, jusqu’aux ingénieurs et aux ouvriers qui ont réussi à la mener à bien, en passant par Jules Ferry qui en avait escompté la réalisation lors de la conquête du Tonkin et à M. Doumer qui en a été le promoteur et à qui revient l’honneur de l’avoir mise en train. Toutefois, dans le tribut de reconnaissance qu’il a payé à tous ceux qui ont été les artisans de cette grande œuvre, il y a une lacune : M. Getten s’est oublié lui-même. C’est un devoir pour nous de reconnaître et de proclamer que ce triomphe de la science et de l’industrie française est dû pour une large part à sa ténacité que n’a découragée aucune des difficultés techniques, politiques et financières – et l’on sait ce qu’elles ont été – rencontrées au cours de l’entreprise, et à l’ingéniosité qu’il a mise à les résoudre.
Parmi ces difficultés, une des moindre n’a pas été le mauvais vouloir des autorités chinoises. De celle-là comme des autres, M. Getten a eu raison à force de fermeté et de diplomatie tout à la fois. Il a su convaincre les représentants de la Chine officielle qu’en reliant le Yunnan à Haïphong par le rail, nous ne poursuivions aucun dessein politique et que notre seul objectif était de jeter entre les deux pays voisin un pont destiné à créer entre eux des relations de plus en plus étroites et de plus en plus cordiales, fondées dur la solidarité d’intérêts qui les unit. Aussi les autorités chinoises, qui avait d’abord vu la construction de la ligne avec un sentiment de méfiance, sont-elles les premières aujourd’hui à se féliciter de la voir terminée. Elles se rendent compte, comme l’a justement fait observer M. Getten dans son discours, que le chemin de fer de Yunnan-Sen à Haïphong, indispensable au développement agricole, minier, industriel et commercial du Yunnan, surtout au moment de sa transformation culturale, conséquence obligée de la suppression du pavot, doit donner à cette province, par sa jonction avec le Tonkin et le litoral, le débouché sur la mer qui lui est absolument nécessaire et assure ainsi son développement intégral.
Aussi le vice-roi du Yunnan, S. Exc. Li et le tao-tai Che Seng, commissaire des relations internationales dans cette province, ont-ils tenu à affirmer par leur présence à la cérémonie d’inauguration l’intérêt qu’ils portent au bon fonctionnement de l’entreprise et à proclamer leur désir de faire tout ce qui dépendra d’eux pour l’assurer. « Le but des chemins de fer, a dit le vice-roi, est de mettre les pays en communication les uns avec les autres. La Chine et la France vont donc pouvoir se pénétrer mutuellement : il en résultera une source commune de profits pour le plus grand bien de l’intérêt général. Notre peuple n’a, à l’égard du chemin de fer, que de bonnes dispositions, et , chacun faisant de son mieux dans sa sphère, il en résultera une continuité profitable de nos bonnes relations… Désormais les communication et les transports vont se faire très commodément, le commerce va se développer ainsi que les relations amicales des deux pays. » C’est le même sentiment qui se retrouve dans le discours du toi-tai Che Seng : « La ligne, sur toute son étendue, de K’éou à Yunnan-Fou, est située en territoire chinois. Il va donc de soi que nous devons assurer la protection de la ligne et nous devons apporter dans l’exécution de ce rôle une attention de tous les instants. En observant strictement le règlement de police qui vient d’être conclut en restant chacun dans ses attributions, et la compagnie apportant la plus grande attention à son administration pour que le trafic des marchandises et des voyageurs se fassent paisiblement, sans crainte de danger, nul doute que la compagnie ne trouve dans son exploitation une source de nombreux profits : chacun ayant confiance, les affaires deviendront plus prospères … Les relations entre la Chine et la France ont toujours été cordiales. Ces relations vont se développer de jour en jour grâce à la voie ferrée. Il existe entre nous une confiance réciproque, qui facilite grandement le règlement des affaires dans un esprit de justice et d’amitié sincères. Il en résulte une continuité de bonnes relations et une durable concorde, dont il convient de féliciter la Chine et la France. »
Nous avons tenu à reproduire ces déclarations, parce qu’elles font justice des bruits alarmistes répandus au sujet des dispositions des autorités chinoises à l’égard du chemin de fer. Certes, il convient de ne pas se faire d’illusions sur la valeur sentimentale, et on se tromperait étrangement en s’imaginant que les Chinois vont désormais nous aimer pour nous-mêmes. Mais nous n’en demandons pas tant : il nous suffit qu’ils apprécient les avantages qu’ils sont appelés, plus que nous encore, à retirer des nouvelles facilités de transport et de communication que le chemin de fer met à leur disposition. Et cela étant, leur intérêt nous est le plus sûr garant de leurs bonnes dispositions. Tout semble indiquer d’ailleurs que les prévisions confiantes de M. Getten et des autorités chinoises sont appeler à se réaliser et l’on en peut juger déjà par le succès que, dès le premier jour, le chemin de fer a rencontré auprès des Célestes. Le premier convoi aui a quitté Yunnan-Sen était bondé de voyageurs; le trains montant était aussi complet. On cite également ce fait que, le 2 avril, le plus grand banquier chinois de Yunnan-Fou a commandé un train spécial pour se rendre à Haïphong, fantaisie qui lui coûté 2.200 piastres. Voilà, n’est-il pas vrai ? qui est de bon augure pour l’avenir de la ligne.
10 Juillet 1910 Le prix de vente de l’opium – Le journal officiel de l’Indochine vient de publier un arrêté fixant les prix de vent de l’opium dans les diverses régions de l’Indochine.
Il est a noter que l’opium du Yunnan n’est plus en vente qu’au Laos et, au Tonkin, dans les provinces de Hai-ninh, Hao-binh, Langson, Laokay, Sonla, formant une première zone, et dans les provinces de Bac-kan, Laichau, les deuxième et troisième territoires militaires, la délégation de Thât-khé et le châu de Dinh-hoa. Le prix de vente de l’opium de luxe aux consommateurs est fixé uniformément à 157 piastres 30 le kilogramme dans toute l’Indochine ; celui de Bénarès à 121 piastres ; le prix de l’opium du Yunnan varie, suivant les régions, de 88 piastres à 57 piastres le kilogramme.
10 août 1910 Les chemins de fer indochinois – Le journal officiel a publié, dans son numéro du 22 juillet dernier, - c’est à dire avec le retard accoutumé dont il serait, nous le voyons par le succès de nos observations précédentes, absolument vain de se plaindre, - le rapport annuel sur la situation des chemins de fer de l’Indochine au 31 décembre 1909. Ce document nous apprend que la ligne Haïphong-Laokay-Yunnan-Sen, pour une longueur exploitée de 607 kilomètres, a produit 3.774.305 francs de recettes contre 3.142.985 fr. de dépenses, soit un produit net de 681.170 fr. ou 990 fr. 64 au kilomètre. La ligne Hanoï-Ninh-Binh-Vinh (326 kilomètres ) produit 82 fr. 10 par kilomètre, celle de Tourane-Hué-Dong-Ha (175 kilomètres) est en déficit de 1.524 fr. 06 au kilomètre, enfin la ligne Saïgon-Khamh-hoa-Lang-Bian (132 kilomètres) est en déficit de 319 fr. 40 par kilomètre. Ces résultats sont médiocres. Pour la ligne Haïphong-Yunnan-Sen, c’est seulement, on le sait, depuis le 1er avril de cette année qu’elle est ouverte à l’exploitation sur tout son parcours. Jusque-là elle est restée handicapée en quelque sorte, du moins pour la partie comprise entre la limite du delta tonkinois et les territoires chinois où elle aboutissait, par la pauvreté des régions desservies que compense à peine la richesse de celles qui sont situées dans sa zone d’attraction dans le delta tonkinois. Il faut attendre encore une ou deux années d’exploitation à parcours complet, c’est à dire jusqu’à Yunnan-sen, pour se faire une idée des résultats qu’elle pourra donner et de la mesure dans laquelle le trafic du Yunnan influera sur ces résultats.
La compagnie qui exploite la ligne de Haïphong à Yunnan-sen et l’administration qui a charge de l’exploitation des trois autres, ne sauraient trop encouragées de persévérer dans la voie de la réduction des tarifs en vue de rendre compétitif le rail par rapports aux transports fluviaux. On peut également se demander si, par une meilleure et plus large utilisation du personnel indigène et par la réduction des frais généraux qu’entraîne un état-major européen nombreux et à raitement élevés, les frais d’exploitation ne pourraient pas, sur les lignes exploitées par l’Etat, être sensiblement abaissés. Un coefficient d’exploitation de 82% sur une ligne comme celle de Hanoï-Vinh qui fonctionne normalement paraît tout à fait excessif. Il le paraît plus encore si on le compare au coefficient d’exploitation des chemins de fer de l’Inde anglaise et du Siam. C’est une observation que nous avions déjà faite l’an dernier ; nous tenons à la renouveler en la signalant à l’attention de ceux qui ont la charge des finances indochinoises dans la gestion desquelles il est actuellement plus que jamais nécessaire d’apporter un esprit de rigoureuse économie.
Le même jour (10 août 1910) la Quinzaine Coloniale publie l’état sur le prolongement de la ligne Dong-Dang-Na-Cham. Il est paraît-il à peu près décidé. Cette ligne, réclamée depuis si longtemps, permettra d’établi des communications rapides et facile entre le Tonkin et la Chine par la frontière Est et plus particulièrement avec le Quang-si, limitrophe de nos provinces de Langson, That-khé et Caobang. Le tracé Dong-Dang-Na-Cham, qui aurait une longueur de 16 kilomètres, ne présente pas de difficultés techniques sérieuses et aura l’avantage de desservir Pac-Luong et toute la région actuellement traversée par la route carrossable de Dong-Dang à Na-Cham.
10 novembre 1910 Une campagne médicale au Yunnan – Cette campagne a été faite dans la région du Nam-Ti, portion de la ligne du chemin de fer de Lao-Kay à Yunnan-sen. L’établissement de la ligne s’est heurté à des difficultés imprévues, et la Société de construction dut recourir au recrutement de coolies venant d’autres région de la Chine. Il en résulta que l’état sanitaire, avec des individus déjà malades ou fatigués, ne fut que relativement satisfaisant. Toutefois, on n’observa que de petites épidémies de choléra ou de dysenterie. Comme toujours, le paludisme fut la maladie dominante. Remarquons cependant qu’il ne faudrait pas inférer, de ce rapport, qu’il en soit ainsi d’une manière générale au Yunnan. Il ne s’agit que d’une partie malsaine, la vallée de Nam-Ti. Bien au contraire, sur les hauts plateaux du Yunnan, l’état sanitaire est presque toujours satisfaisant et les Européens qui y habitent peuvent y séjourner longtemps sans inconvénient.
25 novembre 1910 La Quinzaine Coloniale publie un article sur la gêne qu’occasionnent des édits impériaux chinois interdisant la sortie des grains et céréales. Confrontés à l’interdiction du gouvernement de pékin, faite à la culture du pavot à opium, les paysans yunnanais ne peuvent produire plus d’autres cultures si celles-ci ne trouvent de débouchés extérieurs. Le gouverneur général de l’Indochine a fait auprès du ministre des affaires étrangères à Pékin des démarches à l’effet d’obtenir que cette interdiction fût rapportée. Il est à remarquer d’ailleurs que cette mesure a été réclamée par les autorités provinciales du Yunnan elles-mêmes et que l’administration des douanes chinoises le préconise de sont côté auprès du gouvernement central. Il en va du développement commercial de la voie ferrée du Yunnan.
10 janvier 1911 L’avenir économique du chemin de fer du Yunnan – La Compagnie des chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan et la Société de construction des chemins de fer indochinois ont eu l’heureuse idée de réunir en deux volumes, somptueusement édités, tous les documents se rattachant à cette grande entreprise qu’est le chemin de fer du Yunnan. Le premier de ces deux volumes, illustré de photographies remarquablement choisies et non moins bien exécutées, retrace les origines de la concession qui fut le couronnement d’un persévérant effort de politique française en Extrême-Orient ; rappelle les conditions dans lesquelles l’entreprise a été constituée ; nous fait assister aux diverses phases de l’exécution ; nous renseigne sur les premiers résultats de l’exploitation et, dans un dernier chapitre nous fait entrevoir les possibilités économiques du chemin de fer et esquisse le programme de ses prolongements éventuels. Le second volume, qui s’adresse surtout aux techniciens, renferme toute la série de cartes, profils, plans d’ouvrages, types de bâtiments, etc., qui ont servi pour l’exécution des travaux.
A cette publication, d’un intérêt documentaire et didactique considérable qui, soit dit en passant, nous fournit un nouvel et éclatant témoignage de la science et de l’ingéniosité déployées au cours de cette entreprise hérissée de difficultés, nous voudrions emprunter quelques indications sur le trafic possible de la ligne et sur l’avenir de son trafic. C’est une question qui a été souvent discutée. Elle est étudiée ici complètement, sans parti pris d’optimisme, avec le souci manifeste de ne pas tomber dans les exagérations auxquelles on s’est parfois laisser aller en la traitant.
La zone d’influence immédiate du chemin de fer ; comprenant environ 60.000 kilomètres carrés, soit environ le dixième de la superficie de la France, est définie par les limites suivantes : au sud, le fleuve rouge ; à l’ouest, une ligne allant de Yuen-Kiang à la boucle du Yang-Tse ; au nord, le parallèle passant par cette boucle ; à l’est, le méridien de Laokay. C’est la partie la plus intéressante du Yunnan par le chiffre de sa population, ses cultures et ses richesses minières. La densité de la population, supérieure à celle du reste de la province, peut être évaluée à 45 habitants par kilomètre carré. Il s’ensuit que la population desservie par la ligne s’élèverait à 2.500.000 habitants, représentant, à raison de 1 francs par tête, un trafic de 2.500.000 francs ;
Jusqu’ici c’est sur la production de l’opium que reposait la puissance d’achat au Yunnan. L’interdiction de l’opium a , par suite, considérablement amoindri cette puissance d’achat. Le pays possède heureusement, en grand nombre, des ressources qui, en se développant, permettront de combler le déficit provenant de cette mesure et qui paraissent devoir fournir des éléments appréciables de trafic au chemin de fer. Ce sont, en première ligne, les produits agricoles : riz, blé, maïs, fèves et poids, légumes et fruits, thé, cunao, bétail, peaux brutes et cornes, cires, soies etc. Pour certains de ces produits, notamment le blé, les légumes et les fruits, le bétail, le Yunnan semble appelé à jouer le rôle de fournisseur de la zone intertropicale d’Extrême-Orient et notamment de l’Indochine. Pour les autres, il n’est pas douteux qu’il soit en mesure de concourir avantageusement avec les autres pays de production, et spécialement avec les autres provinces du Céleste-Empire, aux ventes faites à l’étranger.
Plusieurs des cultures mentionnées plus haut ne sont encore que très peu développées, mais elles ne peuvent manquer, sous l’empire de la nécessité, de s’étendre et de prendre la place du pavot à opium. On constate déjà un accroissement notable dans la production du maïs, du blé, du soja, cette légumineuse qui en 1908 a donné lieu, en Mandchourie, à une exportation de plus de 400.000 tonnes et dont la demande prend chaque jour une importance plus considérable au Japon, aux Etats-Unis et en Europe. Ce mouvement ne peut aller qu’en s’accentuant ; à une condition cependant, que nous avons indiquée ici même, c’est que l’exportation du riz et des céréales, actuellement interdite par les traités, soit rendue libre. On sait que les négociations sont engagées en ce sens entre le gouvernement français et celui de pékin. Tout porte à croire, les autorités locales elles-mêmes ayant pris l’initiative de demander l’abrogation des dispositions restrictives de l’exportation de ces produits, que ces pourparlers aboutiront à un résultat satisfaisant.
Ce résultat une fois obtenu, les facilités de transport offertes par le chemin de fer agiront sur la production comme un stimulant, dont l’efficacité se manifeste déjà pour d’autres produits. C’est ainsi que les pêches et les artichauts ont fait, en 1909, l’objet d’expéditions importantes sur Hanoï et que les grandes cultures d’artichauts on été entreprises dans la plaine de Mong-Tse. Les légumes et les fruits du Yunnan, qui sont ceux des pays de climat tempéré, sont appelés, soit dit en passant, a apporter un complément précieux dans l’alimentation des colonies européennes de l’Indochine, de Hongkong, des Philippines et des Indes néerlandaises. Notons encore, à titre d’exemple de l’influence exercée par le chemin de fer, qu’en 1909 il a été exporté du Yunnan 840 tonnes de cunao, alors qu’en 1901, les prévisions du trafic de la ligne pour cet article ne s’élevait qu’à 750 tonnes. De même pour les peaux brutes et cornes dont l’exportation, dès l’arrivée du rail sur le plateau yunnanais, a atteint 162 tonnes, alors qu’en 1907 elle n’avait pas dépassé 59 tonnes et, en 1908, 40 tonnes.
Aux produits agricoles il faut ajouter les produits miniers. M. Leclère, ingénieur en chef des mines, qui avait été envoyé en mission au Yunnan en 1897-1899, avait rapporté, à ce point de vue, des recherches auxquelles il s’était livré sur place une opinion dont l’optimisme peut paraître excessif et n’a été confirmé, dans tous les cas, ni par la prospection qu’ont constituée sur les 465 kilomètres du parcours de la ligne des travaux de construction de celle-ci, ni les conclusions du rapport rédigé par un autre ingénieur en chef des mines, M. Lantenois, à la suite d’un voyage d’études effectué par lui en 1903. Cependant, même en prenant pour base ces conclusions, il est permis d’espérer que les espérances qu’on avait fondées au début sur les richesses minérales du Yunnan pour alimenter le trafic du chemin de fer se réaliseront dans une large mesure.
Constatons d’ores et déjà que les prévisions de 1901 sur ce point sont dépassées. On avait évalué alors l’exportation totale des métaux à 3.325 tonnes, dont 3.000 pour l’étain. Ce dernier chiffre était considéré par M. Leclère, généralement si optimiste, comme le maximum de la production des mines de Ko-Tiéou. Or, en 1908, la production a dépassé 4.700 tonnes et, en 1909, malgré des conditions défavorables, le chemin de fer a transporté 4.422 tonnes de ce produit. A l’étain viennent s’ajouter le zinc, dont il existe des mines très riches du côté de Ouaï-Nin, à la frontière du Koeï-Tchéou et pour lequel des tarifs spéciaux viennent d’être mis en vigueur, au départ de Yunnan-Sen, sur la demande du commerce ; le cuivre, qui a donné lieu naguère à une exploitation assez importante pour fournir la plus grande partie de ce métal employé en Chine, et dont l’exportation peut prendre un développement considérable le jour où l’administration aura renoncé à monopoliser, pour les besoins de l’Etat, le produit des mines de cuivre et en aura autorisé la libre vente ; l’antimoine, le manganèse et le cobalt, dont il a été fait des exportations à titre d’essai ; enfin le charbon. Mais au sujet de ce dernier produit, question reste encore douteuse. Qu’il existe des gisements de houille au Yunnan, c’est certain, et la preuve c’est que quelques-uns d’entre eux, ceux du lac de Yunnan-Fou et de la région d’Y-Léang , sont déjà exploités. La question est de savoir si la qualité de ce charbon lui permettra, vu les frais de transport qu’il aura à supporter pour être amené à Haïphong, de concurrencer les charbons japonais ou australiens. L’avenir seul pourra nous fixer à cet égard. On doit constater néanmoins que M. Lantenois, qui a fait des réserves sur ce point, se garde d’émettre un jugement définitif et que , d’après lui, les conditions envisagées peuvent se trouver modifiées par le progrès futurs. Quoi qu’il en soit sur ce point spécial, il reste, on l’a vu, au Yunnan, assez de richesses minérales dont l’existence est certaine pour qu’on soit fondé à espérer qu’elles fourniront un appoint important au trafic du chemin de fer.
Sur les éléments d’importation nous passerons rapidement étant donné que leur importance est fonction de l’exportation et que c’est le développement de celle-ci qui amènera leur accroissement. Actuellement, et en prenant les chiffres de 1909, le commerce d’importation porte sur près de 7.000 tonnes, se subdivisant comme suit : filés et tissus de coton, tabacs, médicaments, papier, articles d’alimentation, 6.262 tonnes ; pétrole, 1.262 tonnes ; allumettes et pétards chinois 219 tonnes. Pour la première catégorie de marchandises, le chiffre de 17.000 tonnes prévu en 1901 paraît devoir être atteint dès l’établissement au Yunnan d’un régime normal. Qu’on veuille bien se rappeler, en effet, qu’en 1909 le chemin de fer n’a fonctionné que sur une longueur moyenne de 216 kilomètres et que la circulation a été souvent interrompue, pendant la saison des pluies, par des éboulements importants. Quant au pétrole, il ne paraît pas douteux que les 1.262 tonnes de 1909 et même les 4.000 tonnes prévues dans les estimations de 1901 soient rapidement dépassées, si l’on considère les progrès qu’a faits depuis quelques années l’importation de ce produit, qui, en 1899, n’était encore que de 150 tonnes et si l’on a égard, d’autre part, à l’importance de la consommation du pétrole dans le reste de l’Empire chinois, où elle représente environ deux litres et demi par tête et par an.
Si le trafic extérieur est celui qui paraît devoir être le plus intéressant, le trafic local n’est pas pour cela négligeable. Comme partout, la facilités des communications a créé des courants commerciaux nouveaux et développé les courants déjà existants. C’est ainsi que de juillet à décembre 1909, 90 tonnes de lignite provenant de Pou-Tchao-Pa on été transportées à destination de Mong-Tse et 155 tonnes dans le premier trimestre de 1910. La gare d’Amitchéou, ouverte le 1er mai 1909 seulement, a expédié, en 1909, 1.400 tonnes de bois de charpente et plus de 300 dans le premier trimestre de 1910. La région d’Y-Léang a envoyé à Mong-Tse pendant le premier trimestre de 1910 plus de 200 tonnes de riz et ce mouvement n’a cessé de s’accroître. Il est hors de doute également que les transports du sel provenant des puits de la région de Sé-Mao et de celle de Tchou-Kiang-Fou, au nord de Yunnan-Fou, s’effectueront par rail. Quant au trafic voyageurs, a en juger par les résultats déjà constatés, il paraît probable que de ce coté aussi le recettes dépasseront les prévisions. La preuve en est qu’on a dû mettre en circulation un train régulier quotidien entre Laokay et Yunnan-Sen, alors que la convention de concession ne prévoyait qu’un train mixte tous les deux jours.
Nous aurions encore à signaler, au nombre des effets heureux qu’on est en roit d’attendre de la mise en exploitation de la ligne du chemin de fer et qui commencent déjà à se manifester, la naissance de besoins nouveaux dans la population et l’entrée dans la consommation ou dans les usages locaux de produits et de marchandises que cette population ne connaissait que peu ou point : lait de conserve, biscuits, champagne, café, cigarettes, poisson salé ou fumé, montres, pendules, machines à coudre, parfumerie, savonnerie, verre à vitres, ciment, tôle ondulée, etc., en attendant que le développement agricole et industriel inévitable du pays provoque – ce qui ne saurait tarder – une importation de plus en plus importante de matériel et d’outillage. C’est l’industrie française qui est appelée à profiter pour la majeure partie de ce mouvement, concurremment avec l’industrie tonkinoise qui y participe déjà dans une large mesure. En 1909, les sociétés cotonnières du Tonkin ont importé au Yunnan 894 tonnes de filés de coton ; la savonnerie de Haïphong a expédié à Mong-Tze, dans le seul mois de décembre 1909, 12.137 kilogrammes de savon.
On voit par là que les sacrifices que l’Indochine a dû s’imposer pour la construction du chemin de fer ne seront pas sans compensation. Toutefois, la ligne, pour produire tout le rendement dont elle est susceptible et donner son maximum d’effet utile, comporte l’établissement d’un réseau complémentaire et, notamment, d’embranchements appelés à desservir les principaux centre de consommation et de distribution, et à les faire participer à la vie générale et à la circulation portée dans le pays par l’artère maîtresse. De ces embranchements, la Compagnie des chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan en envisage d’ores et déjà dix, de longueur très variable, comme nécessaires et possibles. Leur exécution reste, cela va de soi, subordonnée à une entente avec le gouvernement chinois. Souhaitons que la leçon de choses donnée à celui-ci par les résultats déjà obtenus grâce à la ligne principale le convainque de l’utilité de cette entente pour les populations dont il a la charge et qui sont les premières appelées à profiter du développement du réseau. Il est incontestable que déjà le chemin de fer a eu une heureuse influence sur les relations de l’Indochine avec le Yunnan. Instrument de commerce, le rail est aussi un instrument de paix. C’est ce que nous devons nous efforcer de faire comprendre à Pékin.
Le 30 janvier 1910, le rail atteint le terminus de Yunnanfou :deux mois plus tard devançant d’une année les délais impartis, le chemin de fer qui unit la capitale du Yunnan au golfe du Tonkin était de bout en bout ouvert à l’exploitation.
Le 31 mars 2010 avait lieu à Yunnanfou l’inauguration solennelle. Au banquet offert par la Compagnie à ses invités dans la halle à machines décorée de verdure et pavoisée aux couleurs françaises et chinoises, des discours ont été prononcés. Ils donnent le résumé le plus précis et le plus vivant de l’œuvre qui vient d’être accomplie parce qu’ils dégagent à merveille l’importance de l’événement qui s’accomplissait ;parce que enfin ils contiennent de réciproques promesses fécondes dont il est précieux de garder le souvenir.
Reproduction du texte intégral du Discours de M. le Consul BOURGEOIS, délégué du ministère des Affaires étrangères prononcé à l’occasion de l’inauguration de la ligne le 31 mars 1910
« Excellences, Messieurs,
Je tiens à m’acquitter d’abord de la très agréable mission qui m’a été donnée d’adresser à son Excellence le Vice-Roi les vœux et les compliments du Gouvernement français, de S.E. le Ministre de France à Pékin et de S.E. le Gouverneur général de l’Indochine.
L’œuvre que nous inaugurons aujourd’hui est due à la collaboration du travail français et de l’esprit de progrès du Gouvernement chinois qui en ouvrant le Yunnan à la voie ferrée, ont bien mérité la gratitude des populations yunnanaises. Isolées jusqu’à présent, par leur situation même, du mouvement économique qui fait tant d’honneur à la Chine moderne, ces populations vont désormais pouvoir s’associer à ce mouvement et trouver dans la voie ferrée les éléments d’une nouvelle prospérité.
Ainsi que l’écrivait récemment l’éminent représentant de la France à Pékin à S.A. le Prince King, en lui annonçant l’arrivée de la locomotive à Yunnanfou, nous devons attendre les meilleurs résultats de cette collaboration, bien faite pour consolider les bonnes relations qui unissent aujourd’hui la Chine et la France, l’Indochine et le Yunnan. La solidarité croissante des intérêts et l’estime réciproque sont les bases les plus solides des amitiés durables.
Messieurs,
Ce que nous célébrons aujourd’hui ,ce n’est pas seulement l’heureux résultat de la bonne entente de deux gouvernements amis, ce n’est pas seulement le couronnement d’une œuvre en tous points remarquable, c’est un nouveau témoignage que, lorsque la France et ses enfants s’attaquent à une tâche, ils entendent la mener à bonne fin, quelles que soient les difficultés qu’ils rencontrent, et vous savez, Messieurs, si les difficultés ont manqué à notre audacieuse entreprise ! Au risque de donner au discours que je suis appelé à prononcer aujourd’hui au nom du Gouvernement français, une vague allure de palmarès, j’ai le très agréable devoir de rendre hommage à tous ceux, absents ou présents, qui ont été les bons ouvriers du chemin de fer du Yunnan.
Messieurs,
Depuis le jour ou les deux pays ont jugé que le moment était venu de jeter un pont entre l’Indochine et le Yunnan, n’ayant ainsi en vue que le seul développement des relations amicales et économiques des deux pays, combien d’hommes de haute valeur n’ont-ils pas travaillé à réaliser ce pacifique programme ? Quelle somme formidable de travail n’a-t-elle pas été donnée ;aussi bien à Paris, rue Pillet-Will, sous l’active, intelligente, et quand il l’a fallu, énergique impulsion de l’éminent Directeur général de la Compagnie, mon ami, M.Getten, et boulevard de la Madeleine qui nous a envoyé ses meilleurs techniciens,-qu’à Hanoï, au Gouvernement général, dans les bureaux de la Direction générale des Travaux publics et au siège de la Compagnie,-enfin à Mongtzé et sur les 470 kilomètres qui séparent Laokay de Yunnanfou ! Administrateurs, financiers, ingénieurs, employés, je ne puis que saluer ici les collaborateurs de tous ordres et à tous les degrés de ces hommes tenaces et énergiques qui, durant tant d’années, ont travaillé à plier la nature aux règles de la science et aux besoins du progrès pour que nous puissions dire aujourd’hui :il n’y a plus de Namti !
Mais il ne serait pas juste que les auteurs de cette œuvre remarquable fussent récompensés seulement par de platoniques admirations : aussi est-ce avec un sentiment de satisfaction profonde que j’ai entendu tout à l’heure une voix particulièrement autorisée nous dire que les débuts du chemin de fer sont des plus encourageants ;que ,avant même l’ouverture de la ligne à l’exploitation, des résultats excellents sont obtenus au point de vue trafic. Je n’en suis aucunement surpris car j’ai toujours considéré que cette belle œuvre à laquelle nous sommes attachés, serait aussi une bonne affaire, pour le plus grand bien de l’Indochine et du Yunnan.
Excellences, Messieurs,
Il entre plus particulièrement dans mes attributions de rendre hommage au concours prêté par les Hautes Autorités Provinciales, à mes éminents prédécesseurs et à moi-même dans l’accomplissement de notre devoir. Certes, notre tâche commune n’a pas toujours été facile et S.E. le Kiao Seu mon ami M. Che savent que nous avons été plus d’une fois perplexes en présence de certains problèmes, mais notre désir commun de nous rencontrer sur le terrain de la justice et de l’intérêt général, nous a toujours amenés à la solution élégante diraient les polytechniciens ici présents, des questions qui se posaient pour la diplomatie chinoise.
Je tiens donc à remercier ici de leur concours, les éminents Vice-Rois avec lesquels j’ai été appelé à traiter les affaires. S.E. Li, S.E. Si,le Vice-Roi intérimaire Chen, ainsi que leurs sages collaborateurs aux Relations Internationales,S.E. Che Tseng et S.E. Kao.
Messieurs,
Mon agréable devoir étant accompli, permettez-moi, pour terminer, de franchir par la pensée, les chaines de montagnes qui nous entourent, d’embrasser d’un coup d’œil la distance qui sépare la capitale du Yunnan de celle de l’Indochine et d’élargir ainsi la solennité qui nous rassemble pour en faire la fête du labeur industriel et commercial. Messieurs, je vous prie de boire avec moi à la Compagnie du Chemin de fer et à la Société de Construction, car elles représentent à elles deux le Commerce et l’Industrie, grands rapprocheurs de peuples pour le bien de l’humanité.
Je vous convie également à lever votre verre en l’honneur de la Chine, de S.E. le Vice-Roi et de ses éminents collaborateurs sans le concours desquels nous n’eussions pas été appelés à célébrer en ce jour cette fête pacifique. »
25 octobre 1912 Le commerce avec le Yunnan et les droits de transit – Grâce au chemin de fer du Yunnan, nous avons maintenant l’instrument de pénétration commerciale dans l’Ouest chinois dont la conquête du Tonkin a eu pour but de nous assurer la possession, et il ne dépendrait que de nous de dériver à notre profit vers Haïphong une notable partie des grands courants commerciaux qui ont jusqu’ici emprunté la voie du Yang-Tse-Kiang, et dont l’importance, mise en lumière il y a quelques vingt ans par la mission lyonnaise dans un rapport resté en quelque sorte classique a, tout récemment encore, été signalé par M. le Dr Legendre, dans une étude fortement documentée qu’a publiée le Bulletin de la Société Géographique commerciale. Malheureusement les avantages de cette situation privilégiée sont réduits en partie à néant par le régime douanier que la métropole a imposé à l’Indochine. Les marchandises pénétrant en Chine par la voie du Tonkin sont, en effet, soumises à un droit de transit fixé à 20% du droit d’importation. Or, si ce droit n’est pas suffisamment élevé pour empêcher les marchandises étrangères d’aller concurrencer sur les marchés du Yunnan les marchandises françaises, il l’est suffisamment, par contre, pour les détourner de prendre la voie du Tonkin, de sorte qu’en dehors de son intérêt fiscal, négligeable vu le peu d’importance du trafic étranger qui emprunte cette voie, il n’a d’autre utilité que de priver le Tonkin des bénéfices que lui procurerait un trafic plus important passant par son territoire pour arriver en Chine.
Ainsi, lorsque les Chambres de commerce de l’Indochine ont été appelées à donner leur avis sur les modifications à apporter au régime douanier institué par la loi de 1892, ont-elles été unanimes à demander que la faculté fût laissée au gouvernement local de maintenir, d’augmenter, de réduire ou de supprimer les droits de transit par des arrêtés soumis au ministre des Colonies, suivant les besoins économiques du pays et en se plaçant au double point de vue de l’intérêt qu’il y a, d’une part, à assurer le transit à nos transporteurs et, d’autre part, à protéger l’industrie et le commerce nationaux. C’est la formule même du vœu qui a été adoptée par le Conseil supérieur de l’Indochine dans sa session de 1908. Il n’est pas inutile de rappeler ce vœu à l’heure où la question de la révision du régime douanier colonial se pose. Ce n’est, en effet, qu’en lui donnant satisfaction qu’on pourra faire produire à la voie tonkinoise de pénétration commerciale en Chine tout son effet utile et assurer à notre possession asiatique la juste rémunération des sacrifices qu’on lui a imposés en vue de la construction du chemin de fer du Yunnan.
10 décembre 1912 Les chemins de fer indochinois – Le journal officiel de la République française a, conformément à la loi du 30 mars 1907, publié, dans son numéro du 25 novembre dernier, les résultats de l’exploitation des chemins de fer indochinois pendant les trois premiers trimestres de l’exercice en cours. Si ceux-ci sont dans l’ensemble supérieurs à ceux de la période correspondante de 1911, nous ne reprendrons ici que ceux de la seule ligne n'étant pas exploitée par la colonie.
Seule, celle de Haïphong à Yunnan-Sen (859 kilomètres), dont il nous reste à parler, est administrée par une Compagnie privée. C’est sans doute là qu’il faut chercher l’explication de la supériorité de son rendement, compte tenu d’ailleurs des éléments de trafic plus importants qu’elle trouve dans la région, particulièrement peuplée et riche, qu’elle dessert dans le delta tonkinois et dans le transit en provenance ou à destination du Yunnan. Néanmoins la progression de ce trafic très marquée en 1910, s’était arrêtée en 1911, par suite, d’une part, d’interruption prolongées de la circulation dues à l’inondation et, d’autre part, des troubles survenus au Yunnan, consécutivement à la révolution chinoise. Les recettes avaient atteint le chiffre de 5.001.538 francs seulement contre 5.159.066 francs en 1910. En 1912, la progression a repris. Pour les trois premiers trimestres, les recettes se sont élevées à 5.476.891 francs, contre 3.892.773 francs pour la période correspondante de 1911, soit une recette kilométrique de 6.376 francs au lieu de 4.081 francs. L’augmentation, on le voit, est considérable. Elle s’annonce comme devant l’être encore plus encore, ainsi que nous l’avons fait observer, lorsqu’auront disparu les deux causes qui, actuellement, ne permettent pas au trafic de prendre son développement normal. C’est, d’une part, le trouble profond qu’a apporté dans les conditions de la vie économique du Yunnan les mesures restrictives de la culture du pavot à opium, et, d’autre part, le caractère excessif des droits de transit à travers le Tonkin, pour les marchandises à destination du Yunnan.
D’une façon générale, la conclusion qui se dégage des chiffres qui précèdent est que, sauf pour la ligne du Yunnan, le rendement du réseau ferré indochinois, bien qu’en augmentation plus ou moins marquée, est loin d’être satisfaisant au point de vue financier. Il ne faudrait pas cependant se hâter d’en conclure que ce réseau n’est appelé, sous ce rapport, à aucun avenir. Tel qu’il se comporte actuellement, avec ses trois tronçons en l’air, disjecta membra, son trafic, alimenté par les voyageurs pour plus des trois quarts, ne peut être que des plus médiocres. Pour se prononcer avec quelque certitude sur ses possibilités financières, il faut attendre l’achèvement du Transindochinois, et le développement de la production agricole et minière qui ne peut manquer d’en être la conséquence dans des régions qui ne sont retées pauvres jusqu’ici que parce que les moyens de communications font défaut.
25 décembre 1913 Travaux publics – Exploitation des chemins de fer en 1912 – L’inspection générale des travaux publics de l’Indochine vient de publier une statistique complète des résultat de l’exploitation des chemins de fer de la colonie en 1912.
A la fin de 1912, l’Indochine possédait 1.871 kilomètres de voies ferrées, dont le prix de l’établissement était évalué à 424 millions 719.700 francs, le prix moyen de construction du kilomètre en était de 187.310 francs.
Au point de vue financier les recettes et les dépenses brutes d’exploitation au cours de l’exercice 1912 ont été les suivantes :
Lignes | Recettes | Dépenses |
Hanoï à Namquan | 767.450 | 658.062 |
Hanoï à Benthuy | 1.577.057 | 1.316.125 |
Saïgon à Mytho | 835.465 | 235.072 |
Saïgon à Khanhoa | 710.337 | 810.952 |
Tourane à Dongha | 326.585 | 459.930 |
Haïphong à Yunnansen | 7.412.587 | 4.955.407 |
------------- | ------------- | |
Total | 11.629.481 | 8.472.648 |
La Gare Bei de Kunming est localisée dans la partie nord de la ville de Kunming. ("Bei" signifie nord en chinois.) Cette gare est le point de départ de ligne de Kunming-Hekou. Yunnan est l'arrière-pays de Chine. Cependant, il y a beaucoup d'étrangers qui le visitent, parce qu'il y a plusieurs célèbres circuits de tourisme. Beaucoup d'étrangers utilisent un autobus. En conséquence il y a peu d'étrangers qui passent dans cette gare.
La gare de Kaiyuan est le point 248 (km) de la ligne Hékou-Kunming. La durée du trajet est de 34h avec Hanoï (820 km). Il y a une salle d'exposition au deuxième étage de cette gare exposant la voie réduite de ce chemin de fer du Yunnan.
La gare de Jijie est la gare de jonction avec la ligne Jijie-gejiu. Cependant, la gare est très petite et s'il n'y avait pas la mention « Jijie station » écrite sur le mur d'extérieur, nous n'aurions pas deviné qu'il s'agissait d'une gare.
La gare de Gejiu a une apparence moderne. Avant que la révolution Chinoise, il y avait une permanence française dans Gejiu. Cependant, actuellement, très peu d'étrangers visitent cet endroit.
La gare de Huogudou est une petite gare au milieu de la montagne. Actuellement, la ligne JIJIE-Gejiu ne fonctionne plus. Cependant, il y a un aiguillage dans cette gare qui est entretenu tous les jours afin que cette ligne puisse être utilisée n'importe quand. Parmis le personnel, il y a une femme qui faisait la cuisine avec du charbon en dehors de la gare.
Le calendrier de la ligne de Jijie-Gejiu (Octobre. 1983) Ceci est le calendrier d'une ligne de jijie. Pour tenir ces horaires, il fallait deux locomotives. Hors en 1990, seulement une locomotive fonctionnait. Pourtant aucun autre programme n'était établi en 1990 et le personnel de la gare n'en avait pas.
Les voies réduites du chemin de fer du Yunnan diffèrent du reste du réseau chinois (1435 mm). Il y a une ligne de 1 m de large mais aussi d'autres de 600 mm.
Les anciennes voitures étaient en bois et furent utilisés encore très récemment même couplées aux nouvelles. Ces dernières sont en acier et nommées "train civilisé". Le remplacement fut assez rapide puisqu'en 1990, il n'y en avait plus qu'une en bois.
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La ligne de chemin de fer Kungming-Hekou de 1 m de large relie Kunming à Hékou à la frontière Vietnamienne. Elle a une longueur de 468 km. Ceci est la ligne principale des "voies réduites" du Yunnan. En 1903 la dynastie de Qing de Chine et de France on signé un traité pour la construction de cette ligne de chemin de fer. La France acheva la construction de cette ligne en 1910. Elle est dans la continuité de la ligne venant d'Hanoï qui elle aussi mesurait 1 m de large. Le train reliant Hanoï au Yunnan fit de cette région une quasi colonie Française.
A début de la guerre opposant le Japon à la Chine, le gouvernement Chinois a coupé cette ligne afin que l'armée japonaise n'attaque pas le Yunnnan en utilisant le chemin de fer. Après la République populaire de Chine, ce chemin de fer est devenu propriété des Chemins de fer Nationaux de Chine. La ligne rouvrit de nouveau en 1957.
Une locomotive construite en France était utilisée au début de l'exploitation de cette ligne. Avant la seconde guerre mondiale, les locomotives utilisées en Chine étaient construites en France, en Angleterre, au Japon, en Allemagne, et en Amérique/ Après la Deuxième guerre mondiale les locomotives ont été construites par les Soviétique et les nations d'Europe de l'est.
Lors de la guerre, l'armée japonaise utilisa près de 250 locomotives JNR 9600 provenant du Japon. Après la guerre, la JNR 9600 est devenue la KD5 des Chemins de fer Nationaux Chinois. La KD5 convertie pour les voies de 1 m, est devenue la KD55. Cette locomotive à vapeur a été utilisée jusqu'au milieu des années 1980. Aujourd'hui, c'est une locomotive Diesel qui est utilisée.
Les lignes de 1 m de large du Yunnan utilisent des locomotives diesel DFH21. Mais elles sont différentes des autres lignes par la position du phare.
La construction du chemin de fer Pan-Asie commencera en Chine du Sud-Ouest en 2003. (information Kunming du 18 décembre 2002 17H13) La Construction du Chemin de fer Pan-Asie débutera dans la Province de Yunnan en Chine du sud-ouest l'année prochaine. Cette annonce a été faire lors de la deuxième Réunion de Conseil des Affaires de l'Association Des Nations D'Asie Du Sud-est qui s'est terminée mardi à Kunming, capitale de Yunnan. Le Ministère des Chemins de fer et le gouvernement provincial du Yunnan ont soumis la proposition sur la construction d'une section du chemin de fer au Yunnan à la Commission de Planification de Développement de l'état. La Construction de la section de 212 km, connectant Yuxi et Mengzi, exigera un investissement estimé de 6,2 milliard de yuan (746 millions $US). Le Chemin de fer Pan-Asie reliera Singapour à la Ville de Kunming dans la Chine sud-ouest, par la Malaisie, la Thaïlande, le Cambodge et le VietNam, avec une longueur totale de 5.600 kilomètres. Cette section de chemin de fer augmentera non seulement le réseau de Yunnan au nord, mais facilitera aussi la coopération politique et économique entre la Chine et les pays Asiatiques du sud-est selon Che Zhimin, directeur du centre de recherche économique provincial. Le gouverneur Zhu Rongji a promis de construire et améliorer les chemins de fer reliant Kunming avec Hekou, qui borde le VietNam, préparant ainsi l'opération du Chemin de fer Pan-Asie.
Musée du chemin de fer du Yunnan à Kunming :
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Le chemin de fer du Yunnan a fini par être inauguré en mars 1910. Il est toujours en service. Il y a 50 ans, c’est par lui que les Chinois fournirent des armes au Viet Minh, qui écrasera l’armée française. Le clairvoyant consul François avait vu juste. Aujourd’hui, les touristes empruntent la voie ferrée mythique sur sa portion la plus vertigineuse, au départ de Lao Cai, là où le tracé alterne viaducs et tunnels sans aucune ligne droite. Sur le trajet, on croise évidemment des gares. Des gares bien de chez nous, modèle d’avant le TGV, avec des tuiles mécaniques oranges, une horloge à fond émaillé estampillé d’une maison bisontine, une potence ouvragée et un hangar d’à côté en bardage de bois. Rien n'a changé, rien ne changera : le chemin de fer du Yunnan a été classé en 2003 au patrimoine mondial de l’Unesco.
Allocution de Madame l’Ambassadeur de France en Chine
(Kunming, 23 mars 2013)
Monsieur le Président de la commission « Culture et Histoire » de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (Chen Fujin)
Monsieur le Président de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois du Yunnan (Luo Zhengfu)
Mesdames et Messieurs, chers invités,
Je suis très heureuse de pouvoir participer à l’ouverture de ce forum sur le chemin de fer Yunnan-Vietnam à Kunming et de saluer les nombreux participants qui nous font l’honneur et l’amitié d’être avec nous ce matin.
En 2010, la Chine, le Vietnam et la France célébraient ici même, ensemble, à Kunming, le centième anniversaire de cette grande réalisation industrielle et technique, commune à nos trois pays, qui incarne un lien historique singulier entre nous et qui a eu tant d’influence sur l’ouverture de la province du Yunnan. Cette célébration s’était faite autour d’une exposition de photographies illustrant cette aventure humaine, organisée au Musée de la province du Yunnan.
Depuis trois ans, au Yunnan mais aussi en France, s’est fait jour le besoin de protéger cette ligne de chemin de fer construite entre 1903 et 1910 aux prix d’efforts, voire de sacrifices, considérables et d’en conserver les ouvrages les plus remarquables tant sur la voie ferrée elle-même que dans ses abords.
D’abord, lors de mes déplacements dans la province, j’ai pu constater moi-même l’attachement certain de la population locale à cette ligne de chemin de fer qui sert encore aujourd’hui au trafic des marchandises mais aussi de lien et de moyen de communication entre villages parfois isolés et perchés sur les hauteurs de ce tracé audacieux.
D’autre part, lors d’une rencontre à Pékin avec l’ancien Maire de Kunming, Monsieur Zhang Zulin, celui-ci m’avait fait part de son souhait de mieux valoriser les liens qui unissaient Kunming et le Yunnan à la France depuis la construction de cette voie ferrée au début du XXème siècle. Il fallait, me disait-il, dans une belle formule que je partage, « faire vivre l’image de la France au Yunnan ».
Enfin, nous avons relevé avec satisfaction et plaisir que plusieurs organismes et associations chinoises, comme l’Académie des sciences sociales, le Bureau de la culture de la Conférence consultative politique du peuple chinois, le Bureau du tourisme, étaient prêts à unir leurs efforts pour prendre en mains et faire avancer ce dossier sur le plan culturel et patrimonial.
Aujourd’hui, nous sommes donc réunis sous l’égide de la Conférence consultative politique du peuple chinois du Yunnan, que je remercie au passage pour son accueil chaleureux, pour préparer cet objectif commun et que nous sommes heureux encore une fois de partager, à savoir le classement de cette ligne de chemin de fer Yunnan-Vietnam au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Nous avons la chance d’avoir parmi nous ce matin des experts sur l’histoire de la construction de cette ligne, Madame Lenoir et Monsieur Marbotte, que je remercie d’avoir fait le déplacement jusqu’à Kunming à cette occasion, des experts sur la procédure de classement au patrimoine de l’Unesco et bien d’autres experts et spécialistes du chemin de fer que nous écouterons avec intérêt.
Cette ligne Yunnan-Vietnam représente aujourd’hui un réel patrimoine culturel et naturel, qui traverse une région riche en minorités qui ont elles-mêmes un intérêt évident à conserver cet ouvrage d’art inscrit dans leur paysage depuis plus de cent ans. Grâce aussi à la diversité des paysages traversés, à la richesse du patrimoine architectural et industriel encore intact, je pense en particulier aux gares d’Iliang, de Kai Yuan et de Bisezhai, au pont « à arbalétriers », célèbre entre tous les 3422 ouvrages d’art que comportait la ligne à ses débuts, qui seront certainement des sites touristiques attractifs et intéressants à découvrir, grâce à tout cela, je suis convaincue qu’il y a toute la matière nécessaire pour constituer et préparer ensemble un dossier solide à présenter à l’Unesco.
A cet égard, vous pouvez compter sur le soutien de la France lorsque viendra le moment de choisir et de voter.
J’ai pleine confiance dans cette candidature que nous lançons aujourd’hui car le Yunnan, province d’une très grande richesse sur les plans culturel et naturel, peut-être la plus riche de Chine, bénéficie déjà de plusieurs sites classés au patrimoine de l’Unesco ;il y a aussi plusieurs lignes de chemin de fer dans le monde qui sont aussi déjà classées par l’Unesco. Incidemment, je peux vous dire en tant qu’ancienne Directrice des Nations Unies et des organisations internationales au Ministère des Affaires étrangères, où j’avais la responsabilité, entre autres, des questions de l’Unesco, que ce dossier est un excellent dossier.
Pour conclure, je remercie tous les organisateurs et tous ceux qui ont contribué à la préparation de ce forum, en particulier le Bureau de la culture de la CCPPC et souhaite un plein succès à ses travaux. Je vous remercie de votre attention.